Il y a de la douceur dans l’écriture d’Ursula Le Guin.

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Dans les Entre-Terres, chaque grande famille possède un don.
Certain.es peuvent appeler les animaux d’une seule parole, d’autres manipulent votre volonté à leur guise. D’autres encore, ont le pouvoir de défaire, détruire, annihiler tout ce qu’iels souhaitent. C’est le don de la famille d’Orrec. Pourtant, il s’y refuse. Il a vu l’atrocité que ce don pouvait engendrer et a préféré se bander les yeux plutôt que d’y accéder.


Dans ce premier tome de la trilogie Chronique des rivages de l’Ouest, Ursula Le Guin nous dévoile une histoire par bribes, tout en délicatesse malgré l’atrocité de certains passages. On y retrouvera l’Ecosse, pour certain.es, ou encore la Bretagne, avec ces grandes plaines battues par les vents. Il y a quelque chose de L’homme qui savait la langue des serpents, d’un enfant, qui deviendra jeune homme, témoin de son époque, du merveilleux qui habite chaque chose. Témoin, aussi, de l’opposition entre les coutumes de son peuple, et celles des villages plus au Sud. C’est aussi un roman initiatique, pour Orrec, traversé par ses souvenirs et ses sensations. Un conte où il devra choisir entre la liberté d’agir et la fierté de son père, entre le confort de l’habitude et l’incertitude de l’aventure.


Cette histoire est peuplée de personnages ambivalents. Orrec, bien sûr, écrasé par le poids des attentes de son père. Mais aussi, Gry, qui embrasse sa destinée, tout en restant convaincue de l’existence d’un lieu et d’une vie qui leur conviendraient mieux.
Il y a de la douceur dans l’écriture d’Ursula Le Guin. Une douceur qui permet aux pages de se tourner, et à nous lecteur.ice, de s’engouffrer dans cet univers merveilleux (au premier sens du terme). Initialement destinée à la jeunesse, cette trilogie ne sacrifie en aucun cas sa qualité en vertu de quelques facilités d’écriture. En fermant ce livre, on risque de rester un peu frustré.e, puisque l’histoire démarre réellement à la fin de celui-ci. Toutefois, c’est un sentiment agréable qui surpasse les autres.
Merci à l’Atalante de rééditer cette trilogie, dans de somptueux écrins illustrés par Shahzeb Khan Raza.

Docka

Publié le 16 juillet 2024

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