Encore une fois, l’auteur reprend ses mécaniques favorites : ce jeu du folklore et des croyances populaires, dans un univers uchronique et urban fantasy. Et il a raison, car il excelle à cet exercice.

Les Tambours du dieu noir - Navigatrice de l'imaginaire
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Les Tambours du Dieu Noir

Dans ce premier texte, le récit est situé dans la ville de la Nouvelle-Orléans, libérée de la guerre de Sécession qui divise les États-Unis et de l’esclavagisme, omniprésent hors des murs de la ville. Nous allons y rencontrer Jacqueline « LaVrille » une enfant qui survit dans les rues grâce à sa filouterie, et Ann-Marie, capitaine d’un dirigeable de contrebande qui fait halte dans la ville, et dont les particularités sont intimement liées à celle de notre jeune héroïne. Comme dans Ring Shout, P. Djèli Clark montre sont talent pour les personnages féminins forts mais crédibles, dans leurs sensibilités, leurs fragilités et leurs combat.

Ces deux-là vont s’allier afin de sauver la ville de la menace du Tonnè de Shango, une arme légendaire et mystique qui a le pouvoir d’engloutir sous les torrents et tempêtes destructeurs, tout ce qui traine sous son passage.

La magie des anciens dieu afrikains est enracinée dans la ville, comme disait ma maman. Elle est enfouie dans ses os, dans ses fondations avec les esclaves qui l’ont bâtie, qui ont transformé le sol, l’air et les cours d’eau en terres sacrées. Sauf qu’on a oublié les noms de ces puissances qui nous ont suivi sur ces rivages.

On retrouve dans cette nouvelle les thématiques sociales qui semblent être chères au cœur de l’auteur, notamment par son vécu d’afro-américain, lui-aussi victime « d’erreurs d’identité ». De même, j’ai également retrouvé la scénographie exaltante qui m’avait séduite dans Ring Shout.

Cependant, je n’ai pas réussi à totalement accrocher. Peut-être était-ce la vitesse à laquelle s’est déroulée l’intrigue ? Peut-être était-ce cette force présence du créole, qui ajoute une dimension et une crédibilité non-négligeable au propos de l’auteur, mais qui ralentit considérablement ma lecture, à mes yeux d’Eurasienne. Cela reste tout de même un texte que j’ai apprécié.

L’étrange affaire du Djinn du Caire

Fatma el-Sha’arawi, agente spéciale du ministère égyptien de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, examinait le cadavre vautré sur le gigantesque divan à travers des lunettes spectrales.
Un djinn.

Autre thème, autre ville, autre époque, autre continent. Cette fois-ci, P. Djèli Clark nous plonge dans une ville du Caire en essor, luxuriante, à l’esthétique Steampunk. Le du Ministère égyptien de l’alchimie, des enchantements et des entités surnaturelles fait face à une « étrange affaire », comme l’indique la citation ci-dessus, entrée en matière de sa nouvelle. Encore une fois, nous retrouvons une héroïne, Fatma, une femme plutôt libérée si on la compare aux standards de l’époque et dont le caractère fait une part belle à l’impertinence.

Elle est accompagnée d’Aasim Sharif, membre de la police du Caire avec qui elle va tenter de résoudre l’enquête, et tenter de déjouer une sordide orchestration. L’auteur nous catapulte, au même rythme que ses personnages, dans les différents quartiers de la ville, à la recherche de réponse. La nouvelle est courte et engageante, mais surtout une prémices pour nous plonger dans l’univers mystique du folkore de la mythologie arabique de ses œuvres suivantes : Le mystère du Tramway Hanté et Maître des Djinns.

Encore une fois, l’auteur reprend ses mécaniques favorites : ce jeu du folklore et des croyances populaires, dans un univers uchronique et urban fantasy. Et il a raison, car il excelle à cet exercice.

Si je n’ai pas grand-chose à dire de plus concernant cette nouvelle, je trouve qu’elle donne l’eau à la bouche. Je suis intriguée, et ai hâte de me replonger dans cette représentation du Caire qui m’a séduite. Le Mystère du Tramway Hanté et Maître des Djinns sont déjà dans ma PAL, et mon instinct me dit qu’ils n’y seront plus en fin d’année. Affaire « étrange » à suivre…

Publié le 15 avril 2022

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