Une histoire d’à peine plus de cent pages, rondement menée, sans passages superflus (donc bénéficiant d’un rythme enlevé), une brouette d’idées - parfois voire souvent déjà vues ailleurs, mais c’est l’association et l’assaisonnement qui font le reste - des personnages hauts en couleur…

Les Tambours du dieu noir - Elbakin
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Les Tambours du dieu noir est l’incarnation même de ce que l’on attend d’une novella réussie.C’est-à-dire ? Eh bien, une histoire d’à peine plus de cent pages, rondement menée, sans passages superflus (donc bénéficiant d’un rythme enlevé), une brouette d’idées - parfois voire souvent déjà vues ailleurs, mais c’est l’association et l’assaisonnement qui font le reste - des personnages hauts en couleur…
On pourrait même s’arrêter là, mais autant développer. Développer, c’est d’ailleurs le seul petit reproche que l’on peut éventuellement formuler contre le texte de Clark. Au contraire de certains récits qui étirent leurs intrigues bien au-delà du raisonnable, on aurait ici ou là bien aimé voir ce qu’aurait pu donner une version, non pas plus aboutie, mais tout simplement plus étoffée. Une sous-intrigue par-ci, un protagoniste sur lequel on aurait pris le temps de s’attarder quelques pages de plus pour lui donner davantage de subtilité ou du moins rassasier notre curiosité… Bref, de quoi insuffler une dimension de plus à l’ensemble ! 
Jacquelin (surnommée “Creeper”) incarne en tout cas un fameux personnage, de ceux que l’on a très vite envie de revoir justement, et pas juste une figure débrouillarde et grande gueule de plus. Elle évolue dans une Nouvelle-Orléans (là aussi, de base, le cadre n’est pas très original car on a déjà vu et revu cette ville, et pourtant…) foisonnante, de dangers, de surprises mais aussi de vie, tout simplement. Le final, jouissif et des plus satisfaisants, permet de terminer cette lecture sur une très bonne note, qui relève encore le tout.  
Avec cette novella, P. Djèlí Clark est passé de la nouvelle à un format un peu plus long. On ne peut qu’espérer qu’il transforme l’essai en optant bientôt pour le roman, même s’il n’est pas question de dire qu’il s’agit forcément de l’alpha et de l’oméga de la fiction. La novella, et on peut donc rajouter celle-ci pour faire le compte, démontre en effet souvent le contraire. Et maintenant… À l’abordage !
Au Caire ensuite, on retrouve ce même mélange bien dosé de mystère et d’inventivité, avec un cadre tout à fait différent, mais tout aussi réussi. Avec là encore une héroïne, Fatma el-Sha’arawi, qui n’hésite pas à bousculer les codes. Quel que soit le nombre de pages que s’accorde l’auteur pour son bon plaisir, et le nôtre, la réussite paraît décidément au rendez-vous.

8.0/10

Gillossen

Publié le 28 mai 2021

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