La diversité, les héroïnes féminines remarquables, la subtilité du mélange uchronique et fantastique sont tout autant d’ingrédients qui me poussent à vous recommander la découverte.

Les tambours du dieu noir - Les critiques de Yuyine
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Deux uchronies steampunk au féminin

Les deux textes contenus dans cette parution sont bien différents l’un de l’autre. En effet, Les tambours du Dieu noir se situe à la Nouvelle-Orléans du XIXème siècle et propose une uchronique steampunk où la ville est une zone libre en pleine période d’esclavage, une enclave de paix qui s’est forgée durant la guerre de Sécession. Alors que L’étrange affaire du djinn du Caire se déroule en Égypte en 1912, dans une uchronie steampunk et fantastique peuplée de djinns, goules et autres créatures étonnantes. Mais les deux novella/nouvelles contiennent cependant quelques points communs en termes de style, de diversité et de construction de l’univers. Ces deux histoires plongent toutes les deux leurs racines dans notre histoire avec intelligence et subtilité, transformant ainsi le destin de personnes réelles comme Harriet Tubman ou Al-Jahiz ou repensant habilement certains faits historiques comme la création du KKK. Les deux récits mettent également en scène des femmes remarquables. De La Vrille, gamine des rues à l’enquêtrice Fatma du Caire en passant par une capitaine de dirigeable, voilà un beau palmarès d’héroïnes diversifiées et charismatiques qui nous emporte sans peine et qui permettent d’aborder avec finesse les droits des femmes. Les deux textes se recoupent également dans leur diversité. Auteur noir dont la famille est d’origine caribéenne, Phenderson  Djèlí Clark nous propose des personnages d’origines diverses, de cultures et de croyances diverses aussi pour mieux nous plonger dans ses univers originaux et riches. Et le voyage fait du bien !

Deux intrigues rythmées et accrocheuses

J’ai trouvé l’ambiance de ces deux récits très réussie. J’ai particulièrement aimé le premier texte, mêlant les croyances africaines au rythme si atypique de La Nouvelle-Orléans. La ville vit vraiment dans cette novella et les sonorités qui l’emplissent nous assaillent avec bonheur. Le tout est mêlé à du créole et à un style narratif particulier à la jeune Vrille (chapeau à Mathilde Montier pour la traduction) pour une immersion garantie. Le second texte est plus dans une ambiance de mystère et d’angoisse très lovecraftienne qui n’a pas été pour me déplaire non plus. Le fait que l’intrigue soit si courte m’a cependant frustrée. Pour ces deux récits, on a clairement un goût de trop peu, parce que les univers sont passionnants et qu’on a envie de continuer à suivre les héroïnes par après et parce que le rythme endiablé des intrigues nous a mis l’eau à la bouche. Je voyais parfaitement l’univers des Tambours du Dieu noir se prolonger en roman par exemple. Mais heureusement nous pouvons déjà retrouver l’univers et les personnages de L’étrange affaire du djinn du Caire dans la parution de juin, Le mystère du tramway hanté.

En bref, Les tambours du Dieu noir, suivi de L’étrange affaire du djinn du Caire sont deux uchronies  particulièrement immersives et inventives qui nous donnent envie de lire plus d’œuvres de l’auteur. La diversité, les héroïnes féminines remarquables, la subtilité du mélange uchronique et fantastique sont tout autant d’ingrédients qui me poussent à vous recommander la découverte.

Les critiques de Yuyine

Publié le 1 décembre 2021

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