En somme, le nom de P. Djéli Clark est clairement à retenir pour qui aime les univers alternatifs steampunk fortement teintés de surnaturel.

Les Tambours du dieu noir - Les Chroniques de l'Imaginaire
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Dans cet univers alternatif, la Nouvelle-Orléans est l'un des états indépendants de cette Union qui n'a pas résisté à la sécession et à la longue guerre qu'elle a provoquée. La ville, attaquée régulièrement par des "tempêtes noires", est ceinturée de Grands Murs qui la protègent des flots, et qui hébergent une faune illégale, en plus d'être le support des mâts d'amarrage des dirigeables. Parmi les enfants des rues, il y a La Vrille, une adolescente orpheline qui s'est installée dans une alcôve de l'un des Murs. Cela lui permettra d'entendre un complot impliquant un inventeur haïtien, des Confédérés et les Tambours du dieu noir qui ont permis la libération de Haïti, mais à un terrible prix. Elle n'a même pas besoin de la présence en elle d'Oya, la déesse du vent et du chaos, pour savoir que cette histoire est grave, et qu'elle doit rapporter ce dont elle a été témoin.

L'Etrange Affaire du djinn du Caire est située dans un autre univers alternatif, et totalement ailleurs, puisque cette ville du Caire où elle se déroule est peuplée de créatures surnaturelles - djinns, goules, anges - en plus des humains d'origine. Cette cohabitation apporte certes des avantages aux Cairotes, mais certains policiers regrettent un temps plus simple, et quand Fatma el-Shara'awi se trouve devant un djinn mort par exsanguination, elle n'est pas loin d'être d'accord.

La novella qui donne son titre au recueil a été finaliste du Prix Hugo 2019 dans sa catégorie, et ce n'est pas surprenant, car elle est vraiment excellente. On y ressent la formation d'historien de l'auteur, en ce que la situation des Etats anciennement Unis et celle, particulière, de la Nouvelle-Orléans, sont justifiées à merveille, et l'entrelacement du surnaturel avec l'histoire alternative est passionnant.

Sur le plan de la forme, elle est bien écrite, avec des personnages crédibles et des niveaux de langue variés. A ce propos, je ne peux d'ailleurs que m'émerveiller devant le talent de la traductrice pour recréer la langue légèrement différente que parle la Capitaine, ou utiliser son équivalent français.

La nouvelle qui la suit est plus ancienne (publiée à l'origine en 2016), mais témoigne d'un talent équivalent, malgré le format plus court.

En somme, le nom de P. Djéli Clark est clairement à retenir pour qui aime les univers alternatifs steampunk fortement teintés de surnaturel. Pour ma part, je ne manquerai pas de me précipiter sur l'autre publication sous sa plume prévue chez L'Atalante le mois prochain !

Mureliane

Publié le 25 juin 2021

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