P. Djèli Clark nous offre une plongée parfumée et vibrante dans la Nouvelle-Orléans et ses bayous, en compagnie de personnages féminins forts comme lui seul en a le secret. Et comme pour ses autres nouvelles, celle-ci aura aussi un petit goût de pas assez.

Les Tambours du dieu noir - Fourbis et Têtologie
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Je vous ai déjà parlé de P. Djèli Clark que j’ai découvert grâce à la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire qui m’avait totalement emballé. Une nouvelle que vous pourrez d’ailleurs aussi découvrir dans l’édition VF de chez L’Atalante.

Tout comme L’étrange affaire du Djinn du Caire, Les Tambours du dieu noir est une uchronie steampunk, mais qui, cette fois, se déroule à la Nouvelle-Orléans au temps de la guerre de Sécession. Le Nord et le Sud se regardent en chiens de faïence, les esclaves des Caraïbes se sont libérés de leurs chaînes et les divinités venues d’Afrique sont plus vivantes que jamais.

La Nouvelle-Orléans est une zone neutre où vit Jacqueline, une petite voleuse débrouillarde dédiée à Oya, l’orisha du vent, de la tempête et des orages (la divinité vit littéralement en elle). Un soir, elle entend que des Confédérés sont sur le point de mettre la main sur les tambours du dieu noir, une arme mythique haïtienne à l’origine de la libération des esclaves, mais aussi d’ouragans meurtriers qui ravagent depuis les Caraïbes. Elle voit là l’occasion d’intégrer enfin l’équipage pirate du fameux dirigeable le Midnight Robber et parcourir le monde. Mais avant, accompagnée de la capitaine Ann-Marie, elle a un complot à déjouer et une ville à sauver.

P. Djèli Clark nous offre une plongée parfumée et vibrante dans la Nouvelle-Orléans et ses bayous, en compagnie de personnages féminins forts comme lui seul en a le secret. Et comme pour ses autres nouvelles, celle-ci aura aussi un petit goût de pas assez.

 

En effet, cette nouvelle a la particularité de nous introduire au Caire uchronique tout en merveilleux et steampunk cher à l’auteur qui sera également le théâtre de deux autres nouvelles/novellas (The Angel of Khan el-Khalili et Le mystère du tramway hanté) ainsi que de son premier roman (A master of djinn dont la sortie française est prévue en février 2022).

En moins de 50 pages, il pose un monde crédible et fourmillant de bonnes idées. On oscille entre du Steampunk et de l’Urban Fantasy avec toutes ces créatures surnaturelles qui ont débarqué en Egypte une quarantaine d’années plus tôt lorsque le mystique et inventeur al-Jahiz a ouvert un passage vers un autre plan et qui, avec leur maîtrise de la magie, ont fait de la ville une des puissances mondiales. Son Caire est ainsi vivant, vibrant, odorant, oscillant entre traditionalisme et modernité.

Fatma el-Sha’arawi, l’agente en charge de l’affaire, est une parfaite représentation de cette modernité et son enquête un parfait prétexte pour nous faire découvrir les forces en présence sur l’échiquier.

Je ne vous en dirai pas plus, l’histoire étant suffisamment courte et bien rythmée, surtout si on aime l’aspect polar. Comme je l’ai précisé sous la couverture, cette nouvelle se trouve en deuxième partie des Tambours du Dieu Noir, chez L’Atalante. Ce texte ne se déroule pas du tout dans le même univers, mais j’en recommande également la lecture. Faites-vous plaisir, c’est bientôt Noël : lisez P. Djèli Clark !

Sabine C.

Publié le 9 juin 2021

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