Entretien avec Pierre Bordage

Bordage - Les dames blanches - Interview 1 livre en 5 questions - Blog littéraire et musical

Comment vous est venue cette idée de ces étranges sphères blanches ?

Je ne sais pas au juste. Il me fallait une structure qui ait une apparence inerte et inoffensive, et la sphère m’a semblé tout indiquée.
Et d’autant plus judicieuse, je m’en suis rendu compte en développant le récit, qu’elle est l’image du ventre, de la matrice, et que l’un des sujets principaux du roman est la relation à la  maternité, à la filiation.

La thématique est très actuelle, dans un monde où « la peur pousse à l’aberration », comme vous le dites si bien dans le livre…

La peur est notre seul véritable ennemi, je crois, et le pire !
Peur de l’autre, peur du manque, peur du vide, peur du noir, peur de la perte, peur de la solitude, peur de la souffrance, peur de la maladie… Si on observe l’être humain avec lucidité, on se rend vite compte que la plupart de ses outrances sont liées à la peur.
Elle nous retire toute raison, toute réflexion, et peut nous conduire à l’extrémisme, à l’intolérance, au génocide, et au sacrifice de ses propres enfants, comme le raconte le roman.

Comme toujours dans vos romans, vous mettez les personnages en avant. Les dames blanches est aussi une histoire de rencontres…

Un roman est avant tout une affaire de personnages.  De rencontres, comme vous dites, avec d’autres humains.
Un auteur est un être humain, si, si, je vous assure, qui s’adresse à d’autres êtres humains pour parler de problèmes humains. Le personnage est le véhicule idéal, parce qu’il n’est pas dogmatique, il est de chair et de mots, parce qu’il suscite, c’est son but, l’empathie, l’identification, et permet d’explorer en toute liberté différentes facettes de l’humanité.  

Vous semblez vraiment avoir pris soin de travailler autant l’aspect « réflexion » que l’aspect « ludique » de cette étonnante et magnifique histoire…

Je pense que l’aspect réflexion est dû au genre SF, qui permet, par ses sauts dans l’espace temps créant un effet loupe, de mieux cerner les courants de fond qui traversent notre présent. Le saut dans l’espace temps permet également de générer cet aspect ludique dont vous parlez.
Pour moi la SF, et particulièrement l’anticipation, est une combinaison magnifique de divertissement, de réflexion sur le présent et d’interrogation fondamentale, philosophique.

Si je vous dis que ce livre, comme la plupart de vos livres, est avant tout humaniste, que me répondez-vous ?


Je vous réponds oui, mille fois oui. Je ne suis qu’un explorateur de l’humanité, comme tous les romanciers je suppose.

Publié le 18 août 2015

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