Le roman Redshirts de John Scalzi a reçu le prix Hugo en 2013. Il a été édité en France par l’Atalante. Sa parution a donné lieu à des appréciations très diverses, certaines très positives et d’autres très négatives. Mais que recouvre-t-il précisément ? On peut y voir une sorte de farce galactique, une satire de la série Star Trek ou encore un sous L’Univers en Folie (Frédric Brown). Mais la richesse littéraire et philosphique de l’ouvrage semble ne pas avoir été perçue. Tout d’abord, Scalzi recourt massivement à la mise en abyme , ce qui donne à l’œuvre une finesse et une justesse incroyable. Le sujet n’est plus une pantalonnade mais le regard du créé sur le créateur. On pense évidemment aux classiques de la BD où l’auteur se met en scène, par exemple L’Origine de Marc-Antoine Mathieu ou, mieux encore, à un classique du théâtre comme Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello. Cependant, la plus grande richesse est à mon sens philosophique. On se souvient de Calliclès démontrant que seul le tyran est libre avec, pour Scalzi, en filigrane, le narrateur comme tyran. Spinoza, avec la libre nécessité, voir Hobbes avec son ouvrage Le Léviathan, ont manifestement inspiré l'auteur. Même si toutes nos actions ont une cause externe, la connaitre nous permet-il d’être libres ? C’est là tout l’enjeu des spationautes de l’Intrépide. Descartes et le libre arbitre apparaissent aussi comme une référence. Au final, Scalzi, à travers un space opéra apparemment léger aborde des sujets fondamentaux de l’homme. C’est peut-être pourquoi il a éprouvé la nécessité de rajouter les trois scénettes qui donnent un autre regard sur l’intrigue. Redshirts, un roman léger à l’happy-end forcé. Non, pas du tout ! Un livre profond qui mérite d’être creusé. Un peu comme Gargantua qui n’est pas qu’une histoire de géant ! Cordialement Eléanore-clo - Paroles de lecteur

Scalzi - Redshirts - Paroles de lecteur
Le roman Redshirts de John Scalzi a reçu le prix Hugo en 2013. Il a été édité en France par l’Atalante. Sa parution a donné lieu à des appréciations très diverses, certaines très positives et d’autres très négatives.
Mais que recouvre-t-il précisément ?
On peut y voir une sorte de farce galactique, une satire de la série Star Trek ou encore un sous L’Univers en Folie (Frédric Brown). Mais la richesse littéraire et philosphique de l’ouvrage semble ne pas avoir été perçue.
Tout d’abord, Scalzi recourt massivement à la mise en abyme , ce qui donne à l’œuvre une finesse et une justesse incroyable. Le sujet n’est plus une pantalonnade mais le regard du créé sur le créateur. On pense évidemment aux classiques de la BD où l’auteur se met en scène, par exemple L’Origine de Marc-Antoine Mathieu ou, mieux encore, à un classique du théâtre comme Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello.
Cependant, la plus grande richesse est à mon sens philosophique. On se souvient de Calliclès démontrant que seul le tyran est libre avec, pour Scalzi, en filigrane, le narrateur comme tyran. Spinoza, avec la libre nécessité, voir Hobbes avec son ouvrage Le Léviathan, ont manifestement inspiré l'auteur. Même si toutes nos actions ont une cause externe, la connaitre nous permet-il d’être libres ? C’est là tout l’enjeu des spationautes de l’Intrépide. Descartes et le libre arbitre apparaissent aussi comme une référence.
Au final, Scalzi, à travers un space opéra apparemment léger aborde des sujets fondamentaux de l’homme. C’est peut-être pourquoi il a éprouvé la nécessité de rajouter les trois scénettes qui donnent un autre regard sur l’intrigue.
Redshirts, un roman léger à l’happy-end forcé. Non, pas du tout ! Un livre profond qui mérite d’être creusé. Un peu comme Gargantua qui n’est pas qu’une histoire de géant !
Cordialement
Eléanore-clo - Paroles de lecteur
Publié le 20 janvier 2014

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