Un papillon dans la lune
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J'ai retrouvé avec joie la verve de l'auteur, et j'ai été happée dès la première page (c'est toujours bon signe !)
 
L'Interdépendance, ce sont 48 mondes séparés par des millions d'années-lumière mais reliés par le Flux : des trous de vers qui permettent de se rendre d'un monde à l'autre en quelques mois, et liés également par l'Empire et la religion dont l'Emperox est le chef. Tout cela est économiquement très libéral, avec ses ultra-riches en monopole, ses différences de classe...

Problème : La rumeur court que le Flux semble se refermer entre certains mondes et risque de bloquer les transports de gens et de marchandises alors que 99% des mondes sont des stations spatiales ou des colonies en sous-sol, pas du tout autonomes... Et c'est déjà arrivé, une fois, des centaines d'années auparavant.

Lire ce roman en ce moment, pendant cette période de confinement, de repli forcé de chaque pays sur soi, alors que nous nous rendons compte que la mondialisation, quand les frontières se ferment, c'est très compliqué, a été étrange, ou du moins interpelant. Car c'est finalement ce qui menace l'Interdépendance si le Flux disparait (en pire)... Nous sommes peu de choses.

Ce que j'aime beaucoup chez Scalzi, c'est l'espèce de légèreté feinte de ses romans. Sans avoir l'air d'y toucher et avec énormément d'humour, il aborde des sujets sérieux comme la politique, le système économique, la religion... le tout enrobé de plein d'effets comiques qui fonctionnent, comme les noms des vaisseaux (le Tu m'en diras tant, le Franchement ma chère...) ou de clins d’œil, comme la famille Jemisin. L'émotion et la psychologie des personnages ne sont pas en reste, tout ça est un bonheur à lire.
 
On retrouve aussi le féminisme de l'auteur : je crois que c'est bien la première fois que je vois un auteur de SF parler des règles douloureuses dans un space-opera (ou un roman de SF tout court, voire d'imaginaire, exception faite de Stephen King). Je dois bien avouer que cette phrase, si anecdotique qu'elle soit (ou semble être !!) m'a vraiment fait du bien, parce que je pense que c'est une chose à laquelle aucun homme ne pense jamais. Donc là, merci m'sieur Scalzi. On peut aussi souligner que les femmes sont égales aux hommes, comme d'habitude chez l'auteur, que l'orientation sexuelle des personnages est diverse et variée. Qu'est-ce que je l'aime !
 
Il y a dans L'Effondrement de l'Empire un vrai Sense of wonder, ce vertige que tout lecteur de SF adore ressentir à la lecture d'un bon roman. Scalzi réussit à nous embarquer dans son histoire, et à nous promettre une trilogie space-opera de folie. D'ailleurs je n'ai pas pu m'arrêter et j'ai enchainé directement sur le tome 2, Les Flammes de l'Empire ! Passionnant, vivement la traduction du dernier volume !!
Publié le 14 mai 2020

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