L’humanité a quitté la Terre pour s’implanter dans différentes colonies, quasiment toutes inhospitalières. Pour survivre, elles dépendent les unes des autres ce qui passe à travers le commerce et la domination de grandes familles. La plus puissante d’entre elles, les Wu, dirige l’Interdépendance avec le titre d’Emperox. Pour commercer et donc survivre, les humains utilisent le Flux, un réseau qui relie les différentes colonies entre elles. Sans lui, le chaos menacerait l’Interdépendance et risquerait de mener à la fin de l’humanité.
Pas de chance donc, quand le comte de Claremont découvre que le Flux n’est pas éternel. Ses courants s’effondrent, lentement mais sûrement, à commencer par celui qui relie le Bout au Central. Certains, plus clairvoyants que d’autres, vont chercher à exploiter ces informations pour la grandeur de leur famille et la richesse qui en découlera forcément.
L’intrigue suit donc cette trame globale autour de l’effondrement (d’où le titre du roman) à travers différents personnages hauts en couleur. Cardenia est la fille de l’emperox défunt. Elle n’aurait jamais du hériter du titre mais son demi-frère aîné est mort dans un accident et elle doit bien assumer ses responsabilités. Cardenia est gentille, trop pour occuper cette fonction dont elle ne veut pas, trop pour les révélations qui vont lui tomber dessus. Pourtant, elle tient, un pas après l’autre, malgré la solitude. Marce est le fils du comte de Claremont, chargé par son père d’apporter les résultats de ses recherches à l’emperox. Comme les informations mettent neuf mois à voyager du Bout au Central, il ignore tout de son décès mais ne va pas se laisser démonter malgré les difficultés rencontrées et les dangers encourus par ceux qui n’ont pas très envie de le voir partir. Au programme: enlèvement, menace, tentative d’assassinat… Quant à Kiva Lagos, elle appartient à l’une des prestigieuses familles commerciales et se retrouve au Bout pendant une révolution à laquelle on la soupçonne d’avoir participé, de façon détournée. Son caractère bien trempé donne un certain piquant au récit. C’est une façon polie de dire que c’est une vraie garce à qui on a parfois envie de donner des baffes mais qui, en réalité, est très cool à suivre. Face à tout ce petit monde, la famille Nohamapetan en quête de pouvoir et de domination via sa fratrie composée de trois membres dont la terrible Nadashe, tête pensante incontestée et véritable sociopathe glaçante.
À ce stade, il est important de préciser que ce roman donne une grande place aux personnages féminins qui ont une réelle importance et un impact fort. Le trio Cardenia, Kiva et Nadashe fonctionne bien à cet égard, ce qui ne signifie pas pour autant que les personnages masculins sont en reste. L’auteur trouve un équilibre crédible en débarrassant son univers des considérations sexistes et sans opérer un renversement de la domination. J’adore !
L’autre point fort de ce texte, c’est son humour typique de l’auteur. John Scalzi possède un style d’écriture particulièrement dynamique et maîtrisé. L’humour n’a rien de lourd, il rythme le récit en coupant les introspections des personnages qui fournissent au lecteur des informations sur l’univers. Tout s’équilibre et le format d’un peu plus de trois cents pages s’y prête bien. C’est le genre de roman qu’on peut dévorer d’une traite sans même s’en rendre compte, ce qui m’est d’ailleurs arrivé.
Pour résumer, j’ai adoré ce roman de space-opera qui est un coup de cœur pour moi. Tout fonctionne merveilleusement bien, que ce soit l’univers, le concept, les personnages ou le style d’écriture dynamique, subtil et drôle caractéristique de cet auteur culte. Je vous recommande plus que chaudement la découverte de ce roman, accessible à tous, même ceux qui n’ont pas l’habitude de la science-fiction ou qui ont justement peur de se frotter à ce genre.