Rouiller - Métaquine - eMaginarock
Article Original
Métaquine est un roman de François Rouiller publié aux éditions l’Atalante. Il s’agit d’un livre de science-fiction de 850 pages coupé en deux volumes, Métaquine Indication et Métaquine contre-indication. C’est un roman prenant, qui nous entraine dans les dérives de la puissance des sociétés pharmaceutiques et de notre société à plus large échelle.
La métaquine est un médicament proposé par Globantis, une société pharmaceutique très prospère, et pour cause, sa molécule change les cancres en écoliers modèles. Régis est le dernier de sa classe mais lui refuse de prendre le super médicament, il a peur de perdre ses capacités imaginaires et de se retrouver déconnecté du Duché, le monde qu’il s’est inventé. La mère de Régis est une cybertox, une femme qui reste 24h sur 24h sous un casque de réalité virtuelle, se retrouvant ainsi déconnectée du monde réel. Et son beau-père ? C’est un travailleur qui, on peut le dire, prend soin de Régis mais sans plus et qui rêve de tueries de masse. Dans ce contexte particulier, nous observons le combat de quelques personnes contre la métaquine, tandis que les génies du marketing de Globantis cherchent à étendre la sphère de prescription de cette drogue.
Les couvertures réalisées par leraf, sont très sympathiques et ancre les livres dans notre réel, faisant passer les romans pour de véritables livres de pharmacologies.
François Rouiller nous propose avec métaquine un véritable questionnement vis-à- vis de l’industrie pharmaceutique et du marketing associé. L’auteur est un pharmacien de métier, nous ne sommes donc pas étonnés de la facilité avec laquelle il nous entraine dans cet univers. Le scénario est complexe et contient de nombreux changements de situation, avec une histoire somme toute non linéaire. Il s’agit d’une histoire à prendre dans sa globalité et je conseille vivement de lire les deux volumes à la suite (par ailleurs la numérotation des pages ne repart pas à zéro au tome deux, ce qui montre à quel point les livres sont reliés) afin d’en comprendre les nombreuses subtilités. La première partie est surtout axée sur le personnage de Régis et son refus de prendre la métaquine, tandis que la seconde partie se politise un peu plus avec une mise en équation de la lutte entre Globantis, représenté par Curtis, et Clotilde une institutrice et membre politique.
Il s’agit d’un roman choral constitué de chapitres assez courts, ce qui donne un rythme rapide au livre. Les personnages qui constituent le roman sont particulièrement réussis et l’ensemble de ces personnages nous expose des faces différentes des motivations humaines. On notera toutefois le personnage de Régis, petit garçon vraiment touchant, qui nous entraine dans son monde imaginaire et ses nombreux problèmes à l’école. C’est sans doute l’un des personnages les plus sympathiques du roman et qui, avec le personnage de Sophie, nous sert de fil rouge à la première partie et au final du roman. Le personnage de Sophie est à mon sens le plus pertinent, elle est la scientifique qui va remettre en cause le paradigme central du roman. Après tout, la Métaquine est-elle vraiment si miraculeuse que Globantis veut bien le laisser croire ?
Il est difficile de parler de Métaquine tant ce roman est dense, complexe et intéressant, sans risquer de révéler certains détails, ce qui gâcherait le plaisir. Pour conclure, il s’agit d’un livre ambitieux et addictif qui nos pose de véritables questions. Un roman pareil ne se croise pas tous les jours et vaut vraiment le détour, alors courez vite chez votre libraire pour vous le procurer. François Rouiller a également réalisé un site internet qui vous plonge dans l’univers de son roman, un vrai plus pour ancrer son univers dans le nôtre.
Publié le 9 octobre 2017