Il est des auteurs dont on attend avec impatience le prochain roman. Guy Gavriel Kay en fait partie. Parce qu’il écrit très bien. Parce qu’il s’agit de fantasy mais pas que… bien qu’on ne puisse non plus parler de roman historique. Seulement, c’en est un. Mais c’est moins en maquillant le nom d’acteurs du jeu du monde ou en leur prêtant d’imaginaires exploits qu’en nous permettant de revivre à des époques oubliées et en nous immergeant dans le courant même du temps. C’est dans la Chine des Tang qu’il a choisi de nous plonger cette fois. Et elle ne sert pas seulement de cadre puisqu’elle est partie prenante du roman. Civilisation raffinée que l’on découvre de l’intérieur jusqu’à en adopter le rythme. Non que le raffinement exclue la cruauté, la trahison et même la violence des combats. Sauf que les combats ne s’y livrent pas qu’à l’arme blanche mais, aussi, lors d’assauts de poésie, tout aussi meurtriers. Le jeune Shen Tai, pour être un fin lettré, n’en est pas moins courageux, et plein de piété filiale. Ainsi, au décès de son père, le général Shen Gao, dont il a ressenti les pénibles souvenirs, se rendra-t-il au rives du Kuala Nor pour assurer une sépulture à tous les morts abandonnés là au cours d’une immense bataille. Œuvre pieuse qui lui vaudra non seulement la reconnaissance de toutes ces âmes errantes mais encore celle de l’impératrice du Tangur dont les sujets sont tombés en même temps que ceux du Xinan. Une reconnaissance telle qu’elle offrira au jeune homme deux cent cinquante de ces précieux coursiers sardiens, ces chevaux célestes objets de toutes les convoitises dans un empire ou l’on ne dispose que de petits chevaux de steppe. Pour un pareil cheval sardien, qui ne commettrait un crime ? Pour quelques-uns, l’empereur lui-même serait jaloux. Pour plus de deux cents ? Même en se proposant de les offrir à son empereur, Shen Tai sait qu’il devra les lui conduire lui-même et qu’il a bien peu de chances d’y arriver vivant. Cependant, il existe des gens intègres et d’autres qui, ne l’étant pas, font passer la ruine de leurs rivaux avant leur intérêt personnel. Si ce voyage est plein de dangers, celui auquel est soumis sa sœur Li-Mei, princesse kitane offerte en mariage à un barbare des frontières, n’est pas moins dangereux. Dans ces contrées, point de duels assassins assaisonnés de joutes de poésie. La férocité n’y est pas plus grande mais sous sa forme la plus brutale, et il en va de même pour l’honneur, la vengeance ou les sentiments. De la rébellion d’un général redoutable au vieil empereur d’un puissant empire, d’une gracieuse et non moins redoutable concubine à un poète exilé, parmi les intrigues de la cour et les vengeances mesquines comme à travers les ruelles populeuses, les steppes désolées ou les passes montagneuses, un voyage dans l’espace et le temps et, finalement, une merveilleuse leçon d’histoire. Et si l’ensemble est saupoudré d’un soupçon de magie, il n’en est guère à vrai dire de plus grande que l’enchantement de ce roman. Peut-être n’atteint-il pas tout à fait à celui de Tigane ou des Lions d’Al-Rassan mais un moment de lecture parfaite qu’on ne peut que partager dans l’attente d’un prochain roman.   Hélène Les Vagabonds du rêve

Kay - Les Chevaux célestes - Les Vagabonds du rêve
Il est des auteurs dont on attend avec impatience le prochain roman. Guy Gavriel Kay en fait partie. Parce qu’il écrit très bien. Parce qu’il s’agit de fantasy mais pas que… bien qu’on ne puisse non plus parler de roman historique. Seulement, c’en est un. Mais c’est moins en maquillant le nom d’acteurs du jeu du monde ou en leur prêtant d’imaginaires exploits qu’en nous permettant de revivre à des époques oubliées et en nous immergeant dans le courant même du temps.
C’est dans la Chine des Tang qu’il a choisi de nous plonger cette fois. Et elle ne sert pas seulement de cadre puisqu’elle est partie prenante du roman. Civilisation raffinée que l’on découvre de l’intérieur jusqu’à en adopter le rythme. Non que le raffinement exclue la cruauté, la trahison et même la violence des combats. Sauf que les combats ne s’y livrent pas qu’à l’arme blanche mais, aussi, lors d’assauts de poésie, tout aussi meurtriers.
Le jeune Shen Tai, pour être un fin lettré, n’en est pas moins courageux, et plein de piété filiale. Ainsi, au décès de son père, le général Shen Gao, dont il a ressenti les pénibles souvenirs, se rendra-t-il au rives du Kuala Nor pour assurer une sépulture à tous les morts abandonnés là au cours d’une immense bataille. Œuvre pieuse qui lui vaudra non seulement la reconnaissance de toutes ces âmes errantes mais encore celle de l’impératrice du Tangur dont les sujets sont tombés en même temps que ceux du Xinan.
Une reconnaissance telle qu’elle offrira au jeune homme deux cent cinquante de ces précieux coursiers sardiens, ces chevaux célestes objets de toutes les convoitises dans un empire ou l’on ne dispose que de petits chevaux de steppe. Pour un pareil cheval sardien, qui ne commettrait un crime ? Pour quelques-uns, l’empereur lui-même serait jaloux. Pour plus de deux cents ?
Même en se proposant de les offrir à son empereur, Shen Tai sait qu’il devra les lui conduire lui-même et qu’il a bien peu de chances d’y arriver vivant. Cependant, il existe des gens intègres et d’autres qui, ne l’étant pas, font passer la ruine de leurs rivaux avant leur intérêt personnel.
Si ce voyage est plein de dangers, celui auquel est soumis sa sœur Li-Mei, princesse kitane offerte en mariage à un barbare des frontières, n’est pas moins dangereux. Dans ces contrées, point de duels assassins assaisonnés de joutes de poésie. La férocité n’y est pas plus grande mais sous sa forme la plus brutale, et il en va de même pour l’honneur, la vengeance ou les sentiments.
De la rébellion d’un général redoutable au vieil empereur d’un puissant empire, d’une gracieuse et non moins redoutable concubine à un poète exilé, parmi les intrigues de la cour et les vengeances mesquines comme à travers les ruelles populeuses, les steppes désolées ou les passes montagneuses, un voyage dans l’espace et le temps et, finalement, une merveilleuse leçon d’histoire.
Et si l’ensemble est saupoudré d’un soupçon de magie, il n’en est guère à vrai dire de plus grande que l’enchantement de ce roman. Peut-être n’atteint-il pas tout à fait à celui de Tigane ou des Lions d’Al-Rassan mais un moment de lecture parfaite qu’on ne peut que partager dans l’attente d’un prochain roman.
 
Hélène
Publié le 29 septembre 2014

à propos de la même œuvre