Les interrogations sur la vie virtuelle et sur la société se rejoignent en un récit haletant. C’est toute l’habileté de Glukhovsky que de réussir cette jonction sans jamais perdre son lecteur, devenu voyeur absolu et pris dans les rets d’une intrigue diabolique.

Télérama
Article Original

Auteur de la série Metro, Dmitry Glukhovsky s’était toujours servi de l’anticipation pour s’interroger sur la Russie de Poutine. Il change de genre, pour poursuivre sa réflexion à travers un thriller contemporain. 2016 : Ilya sort de sept ans de prison en Sibérie. Victime d’un coup monté, il veut se venger du flic qui l’a fait incarcérer. Il le tue, lui vole son téléphone et prend la place de son bourreau en envoyant à ses interlocuteurs des textos pour faire croire que le policier est toujours en vie. Il va à la fois découvrir l’envers du décor policier et modifier la vie de ceux qu’il contacte… La fable déborde vite celle de nos rapports avec l’anonymat électronique pour faire un portrait très dur de la Russie contemporaine. Ilya se heurte à la corruption, aux magouilles, aux saisissants dessous d’un Moscou sombre et criminel. Les interrogations sur la vie virtuelle et sur la société se rejoignent en un récit haletant. C’est toute l’habileté de Glukhovsky que de réussir cette jonction sans jamais perdre son lecteur, devenu voyeur absolu et pris dans les rets d’une intrigue diabolique.

Hubert Prolongeau

Publié le 2 mai 2019

à propos de la même œuvre