Collectif polar critique de nuit
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Moscou, novembre 2016. Ilya rentre chez lui après sept années de détention dans un camp de Sibérie. Sa mère est décédée et sa femme le quitte. Eméché, il tue le policier qui l’a piégé des années plus tôt et s’empare de son téléphone. Son seul but est d’offrir une sépulture décente à sa mère avant d’être arrêté. Il s’emploie dès lors à faire croire à ses proches que l’homme est toujours vivant. Texto n’a rien de commun avec ce que l’on peut lire habituellement. Je pensais entrer dans un thriller, et bien il n’en est rien. Ce livre est bien plus complexe que ça. D’ailleurs difficile de classer ce texte. Pourtant il entre dans de nombreuse catégorie. Il a un petit coté anticipation quand on y réfléchi, le net, ces applications, le virtuel qui deviendrait la vie réelle. Il a quelque chose du roman noir, corruption à tous les étages, société à deux vitesses on y parle de rédemption aussi. Il y a un petit coté roman policier, pas vraiment une histoire de vengeance, quoique !

Bref difficile de parler de Texto, il faut le lire pour comprendre. Dmitry Glukhovsky nous parle du pouvoir et de ses dérives, de ses compromissions, Il nous parle de corruption… Il nous montre une Russie qui change, ou le fric est devenu le Graal et ou pour l’obtenir on est prêt à tout. Un monde ou la mesquinerie est loi. Lorsque Ilya cherche à faire revivre sa victime à travers de simple textos, il essaie juste de gagner un peu de temps. Pourtant très vite tout cela lui échappe, et il va devenir l’autre. En s’emparant de son smartphone, il s’empare de tout ce qui a fait sa victime. Il y découvre les secrets d’une vie, celle de l’homme qui l’a envoyé injustement en prison. Et bientôt ses secrets le dépassent.

Et puis il y a le rythme du bouquin, il y a ce texte, ces textes devrais-je dire. Car le bouquin est émaillé de texto, de photos, d’instants de vie pris au piège. L’auteur distille lentement tous ses éléments. Durant 150 pages, il ne se passe pas grand-chose finalement dans cette histoire. Non, on est là, simple spectateur. Et cette inaction est troublante, déstabilisante même. 150 pages qui auraient pu me lasser, que j’aurai pu abandonner. Mais il n’en a rien été Car je ne me suis pas ennuyée à la lecture de Texto, j’ai été juste bousculée. Je n’ai pas réussi à parler de ce livre, je ne savais quoi en penser. Surtout que de Dmitry Glukhovsky  je connaissais les excellents romans post-apocalyptiques, ses thrillers fantastique. Ici, Dmitry Glukhovsky se fait la voix critique de la Russie contemporaine. Il radiographie la société russe, il nous donne à voir l’envers du décor :  inégalités, surveillances, corruptions, violences. Et j’avoue qu’au final, il m’a bien bluffée.

 
Publié le 4 décembre 2019

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