Anne Fakhouri offre, avec ce dyptique singulier, une plongée progressive dans la féérie, en deux étapes pour deux romans complètement dissociables au niveau narratif.   Au Cours du Clairvoyage en effet, la jeune protagoniste, arrachée au giron parental rassurant et propulsée dans le pan "obscur" de la lignée familiale, s'approche dangereusement de l'"autre monde"...sans y sombrer totalement.   Pure transfiction donc : Alice est bien là, mais le miroir n'est jamais franchement traversé ; sauf dans les dernières pages du livre. Lorsque Clara trouve le passage vers l'univers des Fées, le changement de registre narratif est immédiat et, fait intéressant, induit même un changement d'objet-livre. En fermant le Clairvoyage, la possibilité du réel se voit de fait clôturée, et il faut ouvrir un autre roman pour pénétrer dans La Brume des Jours. Ce dernier peut donc se définir comme un ouvrage de fantasy au sens classique (et anglo-saxon) du terme : récit mettant en scène un autre monde, fermé, défini, disposant des ses propres codes et lois naturelles, que l'héroïne traverse avec une quête à accomplir. Un ouvrage à mon sens qui, quoique réussi, s'avère moins émoustillant que son pendant transfictionnel. Le Clairvoyage est, il faut l'avouer immédiatement, une véritable et très belle valse lente (remarquable de maîtrise pour un premier roman) ; c'est un pas de deux, entre lecteur et personnage, vers l'inconnu, l'inconscient, la puissance du mythe. Réel et fantasmagorie y cohabitent ou s'y heurtent de façon tantôt délicieuse, tantôt terrifiante, dans un ballet glaçant, tutoiement de la folie ordinaire. Clara n'est-elle pas tout simplement hors du sens ? Que voit-elle, ou ne voit-elle pas, de ses yeux sans aventure ? Les collines de Mulholland Drive, peut-être...   Le Clairvoyage est un récit en marge, dont le "potentiel d'envoûtement" se voit régulièrement réajusté par de salvatrices saillies humoristiques. C'est un bonheur. Bref : Un dyptique tout à fait intéressant, remarquable surtout pour son premier volet, l'étrange et très réussi Clairvoyage, véritable "matière à penser" et possible transficiton... mais qu'en dirait M. Berthelot ??   Le Fugu Galactique

Fakhouri - Le Clairvoyage - Le Fugu Galactique
Anne Fakhouri offre, avec ce dyptique singulier, une plongée progressive dans la féérie, en deux étapes pour deux romans complètement dissociables au niveau narratif.
 
Au Cours du Clairvoyage en effet, la jeune protagoniste, arrachée au giron parental rassurant et propulsée dans le pan "obscur" de la lignée familiale, s'approche dangereusement de l'"autre monde"...sans y sombrer totalement.
 
Pure transfiction donc : Alice est bien là, mais le miroir n'est jamais franchement traversé ; sauf dans les dernières pages du livre. Lorsque Clara trouve le passage vers l'univers des Fées, le changement de registre narratif est immédiat et, fait intéressant, induit même un changement d'objet-livre. En fermant le Clairvoyage, la possibilité du réel se voit de fait clôturée, et il faut ouvrir un autre roman pour pénétrer dans La Brume des Jours. Ce dernier peut donc se définir comme un ouvrage de fantasy au sens classique (et anglo-saxon) du terme : récit mettant en scène un autre monde, fermé, défini, disposant des ses propres codes et lois naturelles, que l'héroïne traverse avec une quête à accomplir. Un ouvrage à mon sens qui, quoique réussi, s'avère moins émoustillant que son pendant transfictionnel.
Le Clairvoyage est, il faut l'avouer immédiatement, une véritable et très belle valse lente (remarquable de maîtrise pour un premier roman) ; c'est un pas de deux, entre lecteur et personnage, vers l'inconnu, l'inconscient, la puissance du mythe. Réel et fantasmagorie y cohabitent ou s'y heurtent de façon tantôt délicieuse, tantôt terrifiante, dans un ballet glaçant, tutoiement de la folie ordinaire. Clara n'est-elle pas tout simplement hors du sens ? Que voit-elle, ou ne voit-elle pas, de ses yeux sans aventure ? Les collines de Mulholland Drive, peut-être...
 
Le Clairvoyage est un récit en marge, dont le "potentiel d'envoûtement" se voit régulièrement réajusté par de salvatrices saillies humoristiques. C'est un bonheur. Bref : Un dyptique tout à fait intéressant, remarquable surtout pour son premier volet, l'étrange et très réussi Clairvoyage, véritable "matière à penser" et possible transficiton... mais qu'en dirait M. Berthelot ??
 
Publié le 20 avril 2012

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