On a toujours de très bonnes raisons de choisir un roman sur l’étagère : belle couverture, titre ou résumé aguicheur, auteur fétiche, recommandation d’un ami… et puis des fois on a des raisons absolument ridicules. Tenez pour celui-ci, l’une des principales raisons de mon choix est nombriliste au possible. C’est que l’héroïne porte le même prénom que moi. Quand j’étais petite, ça me perturbait un peu d’avoir un prénom pas courant (enfin comparé à mes copines qui s’appelaient toutes Lisa ou presque), du coup je trouvais ça extraordinaire de trouver des personnages de romans qui s’appelaient Clara. Et je n’ai jamais franchement perdu l’habitude. Le Clairvoyage commence comme la plus classique des histoires : Clara vient de perdre ses parents dans un accident de voiture, et est envoyé vivre chez son oncle mystérieux. Dans cette maison étrange où de nombreuses pièces lui sont interdites, elle découvre peu à peu une famille très étrange pour qui fées et fantômes font partie de l’environnement naturel. En toute sincérité, je ne suis pas sûre d’avoir compris grand-chose à l’intrigue (la quatrième de couverture est presque plus explicite que le roman), mais c’est sans doute parce que j’étais un peu trop sous le charme de l’écriture d’Anne Fakhouri pour prêter réellement attention à l’histoire. C’est un roman avec une belle atmosphère, une très belle même, avec cette étrange maison, ces membres de la famille tous plus siphonnés les uns que les autres en apparence, ces séquences dont on ne sait plus trop si elles sont rêve ou réalité (notamment la poupée qui parle). C’est le genre d’histoires de fées que j’aime, avec des fées plutôt cruelles, une mythologie bien maitrisée, et une ambiance tellement onirique dans laquelle on peine à distinguer le réel de l’irréel. Mais tout seul, ça ne suffirait pas forcément à me faire aimer le texte. Ce qui m’a vraiment plu, c’est que Le Clairvoyage cache dans son histoire de fées un drame familial comme tout le monde en connait : des fratries fâchées à cause d’un incident à une fête de famille, un mariage mal perçu par l’entourage, des enfants orphelins, de lourds secrets jamais révélés… On trouve tout un tas de variations dans ce genre dans ce roman, et cela lui donne une belle profondeur (ainsi qu’à l’ensemble des personnages, qu’on perçoit mieux, unis qu’ils sont par des liens plus ou moins proches). Du coup, on oubliera l’intrigue assez obscure, d’autant plus qu’il est facile de se laisser porter par une écriture pleine de poésie et de musique, avec des passages qui vont droit au cœur. Il y a une suite (nécessaire, après tout l’histoire commence à peine à la fin du Clairvoyage), la Brume des jours, je la lirais donc dès que j’aurais mis la main dessus (...). « Tu dis souvent ça. C’est triste. Ben non, Clara, c’est pas triste. C’est la vie, non ? Les gens meurent ou disparaissent. Les autres s’en souviennent. Même la mort de tes parents en soi n’est pas triste, parce que tu t’en souviens. Tu l’as dis toi-même. Ce qu’il y a de plus triste, c’est de ne plus avoir de souvenirs. » Calenwen

Fakhouri - La Clairvoyage - L'étrange bibliothèque de Calenwen

On a toujours de très bonnes raisons de choisir un roman sur l’étagère : belle couverture, titre ou résumé aguicheur, auteur fétiche, recommandation d’un ami… et puis des fois on a des raisons absolument ridicules. Tenez pour celui-ci, l’une des principales raisons de mon choix est nombriliste au possible. C’est que l’héroïne porte le même prénom que moi. Quand j’étais petite, ça me perturbait un peu d’avoir un prénom pas courant (enfin comparé à mes copines qui s’appelaient toutes Lisa ou presque), du coup je trouvais ça extraordinaire de trouver des personnages de romans qui s’appelaient Clara. Et je n’ai jamais franchement perdu l’habitude.

Le Clairvoyage commence comme la plus classique des histoires : Clara vient de perdre ses parents dans un accident de voiture, et est envoyé vivre chez son oncle mystérieux. Dans cette maison étrange où de nombreuses pièces lui sont interdites, elle découvre peu à peu une famille très étrange pour qui fées et fantômes font partie de l’environnement naturel. En toute sincérité, je ne suis pas sûre d’avoir compris grand-chose à l’intrigue (la quatrième de couverture est presque plus explicite que le roman), mais c’est sans doute parce que j’étais un peu trop sous le charme de l’écriture d’Anne Fakhouri pour prêter réellement attention à l’histoire.

C’est un roman avec une belle atmosphère, une très belle même, avec cette étrange maison, ces membres de la famille tous plus siphonnés les uns que les autres en apparence, ces séquences dont on ne sait plus trop si elles sont rêve ou réalité (notamment la poupée qui parle). C’est le genre d’histoires de fées que j’aime, avec des fées plutôt cruelles, une mythologie bien maitrisée, et une ambiance tellement onirique dans laquelle on peine à distinguer le réel de l’irréel. Mais tout seul, ça ne suffirait pas forcément à me faire aimer le texte.

Ce qui m’a vraiment plu, c’est que Le Clairvoyage cache dans son histoire de fées un drame familial comme tout le monde en connait : des fratries fâchées à cause d’un incident à une fête de famille, un mariage mal perçu par l’entourage, des enfants orphelins, de lourds secrets jamais révélés… On trouve tout un tas de variations dans ce genre dans ce roman, et cela lui donne une belle profondeur (ainsi qu’à l’ensemble des personnages, qu’on perçoit mieux, unis qu’ils sont par des liens plus ou moins proches). Du coup, on oubliera l’intrigue assez obscure, d’autant plus qu’il est facile de se laisser porter par une écriture pleine de poésie et de musique, avec des passages qui vont droit au cœur.

Il y a une suite (nécessaire, après tout l’histoire commence à peine à la fin du Clairvoyage), la Brume des jours, je la lirais donc dès que j’aurais mis la main dessus (...). « Tu dis souvent ça. C’est triste. Ben non, Clara, c’est pas triste. C’est la vie, non ? Les gens meurent ou disparaissent. Les autres s’en souviennent. Même la mort de tes parents en soi n’est pas triste, parce que tu t’en souviens. Tu l’as dis toi-même. Ce qu’il y a de plus triste, c’est de ne plus avoir de souvenirs. »

Calenwen

Publié le 12 mars 2012

à propos de la même œuvre