Aujourd’hui pour changer, on va vous parler d’un groupe d’êtres disposant de super-pouvoirs qui luttent contre la haine et l’intolérance des humains vis à vis des muta……des actifs, et contre ceux qui profitent de leurs pouvoirs pour dominer les plus faibles. Leur principal ennemi est une autre organisation disposant de moyens immenses pour arriver à ses fins. Rien de franchement nouveau me direz-vous, et pourtant cette saga possède des qualités qui lui donnent un cachet bien unique, à commencer par le fait que Les Chroniques du Grimnoir n’est pas une bd mais un roman.   Un roman qui plus est excellent. On préfère vous prévenir d’emblée, si on a eu envie aujourd’hui de parler d’une histoire sans dessin c’est parce que le roman de Larry Correia le vaut largement. Faisons les présentations : tout commence avec Sullivan, non, pas notre collègue adoré, là je vous parle de Jake Sullivan. Ex-soldat et ex-taulard, Sullivan travaille aujourd’hui pour Hoover et le FBI. En échange de sa libération, il aide les agents à capturer des actifs considérés comme dangereux, mais la donne change le jour où il se retrouve à devoir poursuivre son ex-petite amie. A partir de ce moment là, Jake Sullivan va se retrouver plongé dans une guerre entre une société secrète appelée le Grimnoir, et l’Impérium, le grand empire japonais contrôlé par un être mystérieux, le Président.   Au carrefour de plusieurs genres, Magie Brute, le premier tome des Chroniques du Grimnoir, tient à la fois de l’uchronie, du polar, de la fantasy, de l’horreur, du steampunk et du super-héros. Oui messieurs, oui mesdames rien que ça. Bien que l’action (et quelle action) se passe dans les années 30 aux Etats-Unis, il s’agit d’une époque différente de celle que nous connaissons. En partant de l’idée que des humains dotés de super-pouvoirs sont apparus de plus en plus nombreux au XIXème et XXème siècle, Larry Correia extrapole une société qui a du vivre avec cette nouvelle donne.   Ainsi, l’émergence d’êtres capables de concevoir des machineries complexes, et d’humains contrôlant le feu, ont permis le développement massif d’une industrie du dirigeable, le Japon est devenu un vaste empire rivalisant avec les Etats-Unis et Hitler fut exécuté après son putsch en 1929, et Berlin est devenue une ville morte et infestée de zombies après la guerre de 14. Tous ces éléments (et bien d’autres encore) font du monde des Chroniques du Grimnoir un lieu à la fois différent mais pour autant somme tout semblable au nôtre. Cet univers fonctionne comme celui de l’univers Marvel ou de DC Comic,s avec des fondations connues nous permettant de nous sentir proches des personnages et de leur environnement et des différences aiguillant notre curiosité et donnant le départ de l’histoire. Il est intéressant de noter que l’univers des Chroniques du Grimnoir se base sur un principe passionnant, dont l’auteur arrive à développer tout le potentiel. Via des astuces efficaces (telles que l’inclusion d’un petit texte introductif en début de chapitre), Correia arrive à donner à son univers une grande crédibilité. On arrive à croire à ce monde qui a évolué différemment du notre tant les exemples de l’influence des actifs sur la société (et ce à tous les niveaux) sont nombreux. Un gros travail de mise en place à travers et pour le récit qui rappelle par bien des aspects celui effectué sur la grande série d’animation Avatar, The Last Airbender.   Si l’histoire de Magie Brute est somme toute assez simple (une guerre secrète entre deux factions), Correia va suffisamment développer des personnages hauts en couleurs et une écriture dynamique pour nous enthousiasmer à tel point qu’il fut difficile pour votre serviteur de fermer le roman avant d’en avoir lu la dernière phrase. Centré principalement autour des personnages de Jake Sullivan et de Faye Vierra, le récit nous offre une galerie de gens passionnants et parfaitement bien caractérisés, tel le terrible garde de fer Maddy, le redoutable Heinrich Koenig, le général Pershing, son second le célèbre John Moses Browing (l’inventeur d’armes à feu qui se fait passer pour mort) ou bien encore les chevaliers du Grimnoir que sont Dan Garrett (capable d’influencer les gens avec sa voix), sa fiancé Jane (une guérisseuse, un don très rare), Francis Stuyvesant (télékinésiste), ou bien encore Lance qui peut prendre possession des animaux. Même des êtres méprisables comme le milliardaire Corneluis Stuyvesant, sont suffisamment bien écrits pour apparaître comme des personnages entiers aux motivations crédibles. Et bien sûr il y a Faye Vierra et Jake Sullivan les deux personnages autour desquels ce récit épique se structure. La première est une jeune paysanne capable de se téléporter et dont le père adoptif (ancien chevalier du Grimnoir) va se faire tuer par Maddy. Le deuxième est un vétéran de la guerre mondiale qui a connu les horreurs des tranchées. Faye et Sullivan apparaissent comme deux pôles bien différents (bien qu’aux motivations similaires) qui vont enrichir le récit. Faye se comporte comme un électron libre dont la jeunesse et le manque d’expérience causeront bien des soucis mais qui apporteront aussi du sang neuf à une équipe un peu trop coincée. Sa désinvolture, sa nonchalance et son audace, la mettront en valeur lors des grands moments de l’histoire.   La couverture française du roman nous propose une très bonne illustration de Jake Sullivan. Celui-ci est un roc inébranlable dont le pouvoir lui permet de modifier l’intensité de la gravité. Bâti comme le chêne autrichien, Sullivan renvoi l’image d’un grand benêt tel qu’on l’imagine chez les gens qui partagent le même pouvoir que lui. On est pourtant loin de la vérité. Au fur et à mesure de notre lecture on découvre que Sullivan est un homme marqué par les épreuves de la vie qui dépassa la simple maîtrise de son pouvoir pour entamer une réflexion sur la nature même de celui-ci. Dès lors Sullivan se positionne comme un des rares personnages de l’histoire à avoir une connaissance poussée sur la réelle nature et origine des actifs.   Portées à la connaissance du lecteur, ces informations propulsent alors ce qui était une passionnante histoire d’aventure vers les cimes de la grande saga épique. Plus on avance dans le récit, plus les personnages prennent de l’épaisseur et plus l’intrigue prend de l’ampleur. Brillamment construit, Magie Brute prend le temps de développer les personnages de Faye et Sullivan de manière séparée, de s’en servir pour faire découvrir cet univers et ses autres protagonistes aux lecteurs pour mieux ensuite les embringuer ensemble dans la guerre qui oppose le Grimnoir à l’Imperium. Dès lors, Corriea donne un coup d’accélérateur à son histoire et devient généreux en terme d’action.   On découvre alors un auteur capable d’une grande maestria dans ce domaine. Magie Brute se caractérise par des séquences d’actions intenses car bénéficiant du travail de caractérisation effectué en amont. La première rencontre entre les forces de Maddy et les chevaliers du Grimnoir et le final dantesque au sein d’un dirigeable, sont des grands moments où nos héros se jettent à corps perdu dans la bataille. Il est alors assez incroyable de voir à quel point on se visualise sans problème les différents protagonistes en train d’user de leurs pouvoirs pour vaincre leurs adversaires, et un moment comme le duel entre deux téléporteuses disposant d’armes à feu et de sabres reste gravé dans la mémoire. Pour tous les frustrés des films X-men si peu généreux en termes de bataille de groupe (qui sont pourtant un des moteurs dramatiques de cet univers), la lecture de Magie Brute permet de prendre une certaine revanche.   Récit complet se permettant de lancer quelques pistes pour une suite passionnante qui cloue actuellement dans son fauteuil l’auteur de ces lignes, Les Chroniques du Grimnoir – Magie Brute est donc un roman hautement recommandable et passionnant. En abordant via un angle différent un de nos genres préférés, Larry Correia renoue avec un certain « sense of wonder » que beaucoup de récits de super-héros, qu’ils soient sur écran ou sur papier, ont perdu. Jérôme Tournadre - Dailymars

Correia - Magie Brute - Dailymars

Aujourd’hui pour changer, on va vous parler d’un groupe d’êtres disposant de super-pouvoirs qui luttent contre la haine et l’intolérance des humains vis à vis des muta……des actifs, et contre ceux qui profitent de leurs pouvoirs pour dominer les plus faibles. Leur principal ennemi est une autre organisation disposant de moyens immenses pour arriver à ses fins. Rien de franchement nouveau me direz-vous, et pourtant cette saga possède des qualités qui lui donnent un cachet bien unique, à commencer par le fait que Les Chroniques du Grimnoir n’est pas une bd mais un roman.

 

Un roman qui plus est excellent. On préfère vous prévenir d’emblée, si on a eu envie aujourd’hui de parler d’une histoire sans dessin c’est parce que le roman de Larry Correia le vaut largement. Faisons les présentations : tout commence avec Sullivan, non, pas notre collègue adoré, là je vous parle de Jake Sullivan. Ex-soldat et ex-taulard, Sullivan travaille aujourd’hui pour Hoover et le FBI. En échange de sa libération, il aide les agents à capturer des actifs considérés comme dangereux, mais la donne change le jour où il se retrouve à devoir poursuivre son ex-petite amie. A partir de ce moment là, Jake Sullivan va se retrouver plongé dans une guerre entre une société secrète appelée le Grimnoir, et l’Impérium, le grand empire japonais contrôlé par un être mystérieux, le Président.

 

Au carrefour de plusieurs genres, Magie Brute, le premier tome des Chroniques du Grimnoir, tient à la fois de l’uchronie, du polar, de la fantasy, de l’horreur, du steampunk et du super-héros. Oui messieurs, oui mesdames rien que ça. Bien que l’action (et quelle action) se passe dans les années 30 aux Etats-Unis, il s’agit d’une époque différente de celle que nous connaissons. En partant de l’idée que des humains dotés de super-pouvoirs sont apparus de plus en plus nombreux au XIXème et XXème siècle, Larry Correia extrapole une société qui a du vivre avec cette nouvelle donne.

 

Ainsi, l’émergence d’êtres capables de concevoir des machineries complexes, et d’humains contrôlant le feu, ont permis le développement massif d’une industrie du dirigeable, le Japon est devenu un vaste empire rivalisant avec les Etats-Unis et Hitler fut exécuté après son putsch en 1929, et Berlin est devenue une ville morte et infestée de zombies après la guerre de 14. Tous ces éléments (et bien d’autres encore) font du monde des Chroniques du Grimnoir un lieu à la fois différent mais pour autant somme tout semblable au nôtre. Cet univers fonctionne comme celui de l’univers Marvel ou de DC Comic,s avec des fondations connues nous permettant de nous sentir proches des personnages et de leur environnement et des différences aiguillant notre curiosité et donnant le départ de l’histoire.


Il est intéressant de noter que l’univers des Chroniques du Grimnoir se base sur un principe passionnant, dont l’auteur arrive à développer tout le potentiel. Via des astuces efficaces (telles que l’inclusion d’un petit texte introductif en début de chapitre), Correia arrive à donner à son univers une grande crédibilité. On arrive à croire à ce monde qui a évolué différemment du notre tant les exemples de l’influence des actifs sur la société (et ce à tous les niveaux) sont nombreux. Un gros travail de mise en place à travers et pour le récit qui rappelle par bien des aspects celui effectué sur la grande série d’animation Avatar, The Last Airbender.

 

Si l’histoire de Magie Brute est somme toute assez simple (une guerre secrète entre deux factions), Correia va suffisamment développer des personnages hauts en couleurs et une écriture dynamique pour nous enthousiasmer à tel point qu’il fut difficile pour votre serviteur de fermer le roman avant d’en avoir lu la dernière phrase. Centré principalement autour des personnages de Jake Sullivan et de Faye Vierra, le récit nous offre une galerie de gens passionnants et parfaitement bien caractérisés, tel le terrible garde de fer Maddy, le redoutable Heinrich Koenig, le général Pershing, son second le célèbre John Moses Browing (l’inventeur d’armes à feu qui se fait passer pour mort) ou bien encore les chevaliers du Grimnoir que sont Dan Garrett (capable d’influencer les gens avec sa voix), sa fiancé Jane (une guérisseuse, un don très rare), Francis Stuyvesant (télékinésiste), ou bien encore Lance qui peut prendre possession des animaux. Même des êtres méprisables comme le milliardaire Corneluis Stuyvesant, sont suffisamment bien écrits pour apparaître comme des personnages entiers aux motivations crédibles.


Et bien sûr il y a Faye Vierra et Jake Sullivan les deux personnages autour desquels ce récit épique se structure. La première est une jeune paysanne capable de se téléporter et dont le père adoptif (ancien chevalier du Grimnoir) va se faire tuer par Maddy. Le deuxième est un vétéran de la guerre mondiale qui a connu les horreurs des tranchées. Faye et Sullivan apparaissent comme deux pôles bien différents (bien qu’aux motivations similaires) qui vont enrichir le récit. Faye se comporte comme un électron libre dont la jeunesse et le manque d’expérience causeront bien des soucis mais qui apporteront aussi du sang neuf à une équipe un peu trop coincée. Sa désinvolture, sa nonchalance et son audace, la mettront en valeur lors des grands moments de l’histoire.

 

La couverture française du roman nous propose une très bonne illustration de Jake Sullivan. Celui-ci est un roc inébranlable dont le pouvoir lui permet de modifier l’intensité de la gravité. Bâti comme le chêne autrichien, Sullivan renvoi l’image d’un grand benêt tel qu’on l’imagine chez les gens qui partagent le même pouvoir que lui. On est pourtant loin de la vérité. Au fur et à mesure de notre lecture on découvre que Sullivan est un homme marqué par les épreuves de la vie qui dépassa la simple maîtrise de son pouvoir pour entamer une réflexion sur la nature même de celui-ci. Dès lors Sullivan se positionne comme un des rares personnages de l’histoire à avoir une connaissance poussée sur la réelle nature et origine des actifs.

 

Portées à la connaissance du lecteur, ces informations propulsent alors ce qui était une passionnante histoire d’aventure vers les cimes de la grande saga épique. Plus on avance dans le récit, plus les personnages prennent de l’épaisseur et plus l’intrigue prend de l’ampleur. Brillamment construit, Magie Brute prend le temps de développer les personnages de Faye et Sullivan de manière séparée, de s’en servir pour faire découvrir cet univers et ses autres protagonistes aux lecteurs pour mieux ensuite les embringuer ensemble dans la guerre qui oppose le Grimnoir à l’Imperium. Dès lors, Corriea donne un coup d’accélérateur à son histoire et devient généreux en terme d’action.

 

On découvre alors un auteur capable d’une grande maestria dans ce domaine. Magie Brute se caractérise par des séquences d’actions intenses car bénéficiant du travail de caractérisation effectué en amont. La première rencontre entre les forces de Maddy et les chevaliers du Grimnoir et le final dantesque au sein d’un dirigeable, sont des grands moments où nos héros se jettent à corps perdu dans la bataille. Il est alors assez incroyable de voir à quel point on se visualise sans problème les différents protagonistes en train d’user de leurs pouvoirs pour vaincre leurs adversaires, et un moment comme le duel entre deux téléporteuses disposant d’armes à feu et de sabres reste gravé dans la mémoire. Pour tous les frustrés des films X-men si peu généreux en termes de bataille de groupe (qui sont pourtant un des moteurs dramatiques de cet univers), la lecture de Magie Brute permet de prendre une certaine revanche.

 

Récit complet se permettant de lancer quelques pistes pour une suite passionnante qui cloue actuellement dans son fauteuil l’auteur de ces lignes, Les Chroniques du Grimnoir – Magie Brute est donc un roman hautement recommandable et passionnant. En abordant via un angle différent un de nos genres préférés, Larry Correia renoue avec un certain « sense of wonder » que beaucoup de récits de super-héros, qu’ils soient sur écran ou sur papier, ont perdu.


Jérôme Tournadre - Dailymars

Publié le 27 janvier 2014

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