En cette fin d’été, les éditions de L’Atalante nous proposent de découvrir le nouveau roman d’Olivier Paquet : Composite. L’auteur retrouve ici, dans une histoire bien entendue bien différente, la question de l’Intelligence Artificielle et de ses possibles conséquences sur notre environnement “humain”.
Même si nous n’avons pas de grandes informations sur ce qu’est devenu notre monde “physique”, et notre environnement, nous constatons rapidement que l’écologie est au centre du jeu politique. C’est en s’appuyant sur la société ReNaturel que les maires – entre autres – vont tenter de redonner une dimension “naturelle” à leur collectivité. Pour réussir cet exploit, Esther, fondatrice de l’entreprise, s’appuie sur l’improbable quantité de photos qui peuvent traîner sur les réseaux sociaux, celles que nous laissons toutes et tous, afin de reconstruire ce qu’était le lieu “avant”.
Mais elle va être surprise en regardant dans son propre téléphone, sur une image de son passé (dès années 2020 pour être précis), qu’elle identifie un dysfonctionnement qui l’interpelle : l’image semble avoir été modifiée subtilement, retirant par la même une partie du souvenir qui en découle.
Travaillant elle-même sur les images et sur leur modification, elle va se lancer dans la recherche de la cause de cette altération. Une altération dont elle ne semble pas être la seule victime, puisque Vincent, un flic au passé douloureux, va constater la même chose de son côté.
L’enquête d’Esther va l’amener à croiser Vincent et les entraîner dans une enquête pour identifier les forces qui ont décidé de manipuler le passé.
Olivier Paquet lance donc une enquête sous fond de soulèvement, à une époque charnière de la France, où les citoyens, sous la férule d’un agitateur inconnu, va aller de plus en plus dans la violence. Dans le contexte, nous nous interrogerons bien sûr rapidement – et avec un certaine conviction – sur les liens entre les deux événements. Comme dans Les Machines Fantômes, l’auteur nous plonge dans une réflexion sur la façon dont les intelligences artificielles peuvent interagir avec notre réalité et de quelles façons cela pourrait influencer nos vies futures.
Mais ce n’est pas le seul sujet dont il est question dans ce nouveau roman et la famille – ou plutôt ses dysfonctionnements – est aussi le cœur des histoires individuelles de nos deux protagonistes. Les histoires familiales, subies dans leur jeunesse, ont bien entendu conduit à forger les adultes que sont devenus Esther et Vincent.
Il s’agit de manipuler une foule avec des slogans, des mots, des images, des vidéos. Est-ce qu’on a vraiment besoin d’un ordinateur pour réussir cet exploit ? Est-ce qu’il faut une machine pour convaincre des gamins de se faire sauter dans un théâtre ? Nous avons des religions, des idéologies qui sont bien plus efficaces, bien moins coûteuses.
Et finalement, le plus important reste le lien entre les deux, et ces questions qui restent en suspens tout au long du récit : de quelle(s) façon(s) les souvenirs numériques que nous avons, sont-ils les gardiens de notre mémoire et des événements – positifs et/ou négatifs ?
C’est cette dimension, cette absence de droits à l’oubli – portée par les photos, vidéos et médias sociaux – qui m’a particulièrement plu dans Composite, même si je ne suis pas persuadé que cela était le fond que voulait mettre en avant Olivier.
En toile de fond, nous retrouvons des thématiques autour de la manipulation des masses, la capacité à s’indigner et à collectivement s’adonner à la violence, comme si la nature violente humaine ne cherchait qu’une étincelle pour exploser… Les manifestations et soulèvements tels qu’ils sont présentés rappelleront, dans une forme bien plus extrême, ce que nous avons pu vivre durant la crise des gilets jaunes.
Composite est un des romans à ne pas manquer en cette rentrée, vous vous ferez happer par cette histoire à plusieurs niveaux de lecture.