Elodie, le premier personnage de ce livre, Dix légendes des âges sombres, aurait pu être sa dernière lectrice.
Elle est assez vieille pour ça. Elle a 72 ans.
Et, elle a connu l'ancien monde, celui d'avant, d'avant que le changement climatique ne vienne bouleverser l'ordre des choses.
Car c'est bien de cela qu'il va être question dans le livre de Jean-Marc Ligny, du changement climatique et du bouleversement de notre monde.
Dix légendes des âges sombres est un recueil de nouvelles.
Toutes sont préalablement parues dans diverses publications entre juin 2000 et décembre 2020, sauf la dernière, "la horde" qui est ici inédite.
Il y a dans ces pages, vingt ans de maturation, d'observations et de réflexion.
Pris dans son ensemble, l'ouvrage pourrait être le roman complet et indivisible d'un monde en perdition.
Pourtant chacune de ses dix nouvelles est un récit achevé qui peut se lire indépendamment des neuf autres.
Le ton est donné.
La tragédie s'invite à la table de l'humanité.
La science-fiction s'en moque bien, elle en a connu des fins du monde, des invasions d'êtres venus d'ailleurs, des fuites dans le temps et dans l'espace, des tragiques effondrements et des quêtes pleines d'espoir ...
Mais ici la science-fiction a posé un pied dans le réel !
Du reste, la meilleure des sciences-fiction n'est-t-elle pas toujours une page de notre quotidien à venir ?
Les personnages de ce livre pourraient être vous, moi, ce voisin auquel personne ne prête jamais attention ...
Les personnages de Jean-Marc Ligny sont plus vrais que nature.
Ils dégagent de l'émotion, vivent intensément, accentuent la cruauté des situations et insufflent pourtant l'espoir.
C'est au bord de mer que tout commence à Hyères, puis en Bretagne ...
La poste a fermé. le boulanger a mis la clef sous la porte.
Même le bistrot a baissé son rideau.
C'est dire, en Bretagne, si tout espoir semble avoir été jeté aux orties.
Le récit de Ligny s'ancre dans une vie quotidienne qui aurait viré au cauchemar.
C'est bien écrit.
C'est efficace.
C'est plombant, aussi parfois.
"Mais qui, à part les fous et les idiots, ne songe jamais à l'extinction du genre humain ?"
Cet atavisme est vieux comme le monde !
Ce recueil est un puissant cri d'alarme, comme seule peut l'être la littérature, la meilleure lorsqu'elle se mêle de nos vies.
Je remercie aussi, bien sûr, l'auteur de ces pages édifiantes et passionnantes, Jean-Marc Ligny, dont j'avais déjà dévoré Exodes.
Et, j'espère un jour, peut-être, le croiser aux "Utopiales" pour lui dire tout le bien que je pense de sa littérature ... pourquoi pas ?
Un grand merci, aussi à la Masse-Critique qui toujours élargit notre imaginaire ...
Gill