Ce premier tome est aussi bien une étude (passionnante), qu’une aventure (rocambolesque) sans oublier une critique. Marie Brennan réussit un mélange des genres où le sérieux se mélange au léger avec naturel.

Brennan - Une histoire naturelle des dragons - Temps des livres
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Isabelle Trent fut une jeune fille, qui tomba sous la fascination des dragons, au point de vouloir les étudier. Malheureusement, ni son rang, ni son sexe ne lui permettait celà. Après bien des années d’efforts, elle put étudier sa passion, en épousant un homme qui s’y intéressait, mais ne ce fut pas assez. Il fallait participer à une expédition en Vystranie, pour observer les dragons en milieu naturel.

Une Histoire Naturelle des Dragons est le premier tome des mémoires de Lady Trent. Ce personnage (imaginaire) est une naturaliste aussi douée pour écrire que pour décrire les moeurs des dragons. Devenue âgée, elle raconte ce qui a permis qu’elle devienne une référence dans ce domaine. Si ce premier volume se concentre sur une dizaine d’années, si on suit une expédition haute-en-couleurs, si Isabelle Trent est une jeune femme rebelle, c’est le mélange des genres qui est intéressant. Marie Brennan n’en est pas à son premier roman et son expérience sert Une Histoire Naturelle des Dragons.
Ce livre pourrait être les mémoires d’une vieille femme, mais aussi le journal de bord d’une expédition, la critique d’une époque et de la façon de s’entendre avec les autochtones, l’étude des dragons, etc. Aucune de ces descriptions n’englobe tout à fait le livre. Le récit les englobe tous et la narration ne s’encombre pas d’un style particulier (en soi, c’est dommage de ne pas avoir le langage victorien). Malgré son aspect scientifique/biographique, on suit avec passion et amusement les aventures d’Isabelle Trent. La jeune femme n’a que faire des conventions et par maladresse autant que par entêtement, elle réussit à imposer son bon vouloir. Il est d’autant plus intéressant de lire ces aventures, que la narratrice, alors âgée, n’hésite pas à se critiquer, voire à critiquer ses précédents ouvrages ! Elle décrit avec humour comment elle se comportait avec les autochtones, son manque de vocabulaire, ses maladresses. On peut y voir une critique de la société victorienne, autant que la façon de se comporter en expédition (ah, ces moeurs colonialistes).
A la différence de la série Téméraire, on voit peu de dragons, mais leur présence est tangible. Tout autant redouté qu’étudié, ces animaux extraordinaires ne sont que le fond d’un vaste monde imaginaire. La description de cet univers est très bien rendue par l’autrice. Sans trop s’attarder, on aperçoit divers mœurs, religions et civilisations.
Si la lecture est aussi aisée, on le doit à une traduction de talent. Quand on commence à s’engouffrer dans les littératures, certains traducteurs deviennent des références. C’est le cas pour Sylvie Denis (un des grands noms de la littérature). J’avais apprécié son travail sur l’oeuvre de Gail Garriger (encore un XIXème siècle fantaisiste) et son nom (autant que les dragons) ont attiré mon attention sur le livre. Elle s’est emparée des écrits de Marie Brennan pour en faire une traduction brillante  et addictive !

Ce premier tome est aussi bien une étude (passionnante), qu’une aventure (rocambolesque) sans oublier une critique. Marie Brennan réussit un mélange des genres où le sérieux se mélange au léger avec naturel.

Temps de livres , Hervé Beilvaire

Publié le 23 février 2016

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