Une histoire naturelle des dragons : Mémoires, par Lady Trent : c’est ce titre et cette magnifique couverture qui accrochent mon œil au milieu des centaines de livres de la section « Fantasy », à la librairie des Utopiales, le festival international de science-fiction qui a lieu tous les ans à l’automne à Nantes. Et me voici embarquée dans l’incroyable histoire de cette scientifique aventurière amoureuse des dragons, narrée en cinq tomes. Deux sont déjà publiés en français aux éditions L’Atalante : le premier volume a reçu le prix français des Imaginales 2016 !
Un cadre historique familier pour un monde fantastique
Accent british, révolution industrielle et colonisation : non, vous n’êtes pas en Angleterre en 1850 mais bien au Scirland en 5658, terre d’enfance de Lady Trent. La bienséance est omniprésente dans la bonne société de ce pays, où les femmes sont priées de s’adonner à des pratiques « de dames »…
Broderies et enfants, voilà la définition de l’ennui profond pour Isabelle qui s’entoure de compagnons prêts à la traiter avant tout comme une personne et une scientifique. Elle n’a que faire du « qu’en dira-t-on », et porte donc des pantalons en sirotant du gin. Son esprit vif et sa malice rendront son histoire parfois jubilatoire aux lecteurs qui, comme moi, aiment les fortes têtes.
Lucions, serpents des mers, veurs et dragules surgissent au détour de chaque chapitre comme autant de monstres suscitant peurs et émerveillements. Le bestiaire né sous la plume de Marie Brennan mêle féerie et naturalisme dans des décors grandioses. Dans les airs, sur terre et dans les profondeurs, les dragons sont partout dans cet univers. Mon coup de cœur : les illustrations du talentueux Todd Lockwood qu’on retrouve au long des aventures de Lady Trent, et qui donnent vie à ce fabuleux bestiaire.
Science, politique et contrées lointaines. Avec de l’humour s’il vous plait !
Conflits guerriers ou diplomatiques n’ont jamais arrêté les scientifiques : Lady Trent nous le prouve en bravant les frontières. Elle revient de ses expéditions avec des talents incontestées de diplomate et avec un humour mordant qui vous donnera le sourire lors de la lecture de ses mémoires. La plume acérée d’Isabelle critique sans pitié hommes politiques, chasseurs et scientifiques qui comptent utiliser les dragons pour leur propre intérêt.
À travers les mots d’Isabelle on retrouve ceux de Marie Brennan, qui nous content une histoire écolo et scientifique aussi mouvementée que passionnante. Elle dépeint une jeune naturaliste confrontée à de nombreux dangers, des eaux politiciennes aux tréfonds des marais peuplés de dragons. Nulles inquiétudes : pas de grands discours ici. Rien que de la belle fantasy ! Au centre de son histoire, une seule question : qui est vraiment dangereux, le dragon ou l’homme ?