Ce qu’il faut savoir de la société fictive inventée par Marie Brennan, c’est que les convenances sont étrangement similaires à celles de notre Angleterre victorienne. Impensable donc pour une jeune fille d’étudier, d’avoir sa propre bibliothèque ou, pire encore, de se consacrer à sa passion pour les dragons !

Brennan - Une histoire naturelle des dragons - Le cercle des Bouquineuses compulsives anonymes
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Une histoire naturelle des dragons est le titre des mémoires de Lady Trent, grande exploratrice et spécialiste des dragons. Dans ce récit, elle raconte son enfance dans la province du Scirland, sa rencontre avec son futur mari, Jacob Camherst, et sa première grande expédition en Vystranie pour y observer les veurs des rochers.

Ce qu’il faut savoir de la société fictive inventée par Marie Brennan, c’est que les convenances sont étrangement similaires à celles de notre Angleterre victorienne. Impensable donc pour une jeune fille d’étudier, d’avoir sa propre bibliothèque ou, pire encore, de se consacrer à sa passion pour les dragons !

Bien entendu, la jeune Lady Trent (alors connue sous le nom d’Isabelle Hendemore) refuse de se plier à ces règles et a donc tendance à se retrouver dans des situations plus risquées les unes que les autres.  Elle décide notamment, contre l’avis de tous, d’accompagner son mari lors d’une périlleuse expédition scientifique visant à percer les mystères des veurs des rochers (oui parce qu’en fait, même si dans ce monde croiser un dragon est à peu près aussi fréquent que de croiser un écureuil ou une biche pour nous, les connaissances scientifiques sur ces bêtes sont quasi inexistantes…)..

Ce roman se présente donc comme un mélange entre un récit d’aventure, une autobiographie fictive et une étude zoologique (pensez Le monde perdu de Conan Doyle rencontre Mes saisons en enfer de Martha Gellhorn). La narratrice alterne entre le récit de son voyage en Vystranie, ses découvertes scientifiques et quelques commentaires sarcastiques sur la naïveté et l’insouciance dont elle faisait preuve étant plus jeune.

J’avoue avoir eu un peu de mal avec l’idée de cette pseudo société victorienne au début de ma lecture, parce que si déjà on décide de créer une société complètement fictive, pourquoi s’entêter à y inclure des convenances ultra genrées semblables aux nôtres ? Mais j’ai fini par trouver l’intérêt : ici, ce sont ces règles si strictes concernant ce qu’il est convenable de faire pour une femme qui permettent à la narratrice d’avoir ce caractère intrépide et un peu borné. C’est son refus de se plier aux règles qu’on voulait lui imposer qui me l’a rendue si sympathique, tout comme le fait qu’elle fasse toujours l’inverse de ce qu’on lui ordonne. Lady Trent est un personnage qui n’en fait qu’à sa tête et fait tout pour vivre son rêve d’étudier les dragons quitte à déplaire au reste de la bourgeoisie (donc forcément, moi, je l’aime bien).

(Alors oui je suis sûre qu’il y a d’autres moyens pour rendre un personnage féminin badass plutôt que de la jeter au milieu d’une société patriarcale super stricte, mais ici le stratagème fonctionne bien, donc je valide)

Une histoire naturelle des dragons ne sera probablement pas mon roman préféré cette année, mais il s’agit tout de même d’une lecture plaisante, prenante, même si le rythme n’est pas toujours soutenu, dépaysante, pleine de dragons, et rien que pour cela il mérite d’être lu ! J’ai particulièrement apprécié les courts résumés au début de chaque chapitre, quelques phrases qui intriguent sur les événements à venir sans jamais divulgâcher.

(Je me permets de vous parler de la demande en mariage de Sir Camherst à Isabelle : absolument adorable. Deux geeks plus maladroits l’un que l’autre qui n’arrivent pas à croire que l’autre veut effectivement se marier. I ship it.).

Pour les pressés :

_ Les mémoires fictives de Lady Trent, exploratrice obsédée par les dragons.

_ Des dragons tellement petits qu’on dirait des colibris.

_ Des dragons un peu moins petits qui font un peu moins colibris.

_ Un roman d’aventure sympathique.

 

Captain Alinea - Le cercles des Bouquineuses compulsives anonymes

Publié le 28 mars 2017

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