On note ces derniers temps l’apparition de plus en plus fréquente et intéressante de situations de « near miss » : non plus des apocalypses franches et massives, mais plutôt des effondrements évités de justesse, avec des dégâts souvent extrêmement importants, mais pas d’extinction ou quasi-extinction [...]. Au lieu des simples conditions de survie (ou non) traditionnellement liées au (sous-) genre post-apocalyptique, on assiste ainsi à une captivante floraison de modalités concrètes de reconstruction, en « faisant avec » mais en essayant dans la mesure du possible de « bâtir autrement ». [...] Ce Premier jour de paix entre décidément en résonance avec cette préoccupation contemporaine. Ce roman est aussi une formidable réflexion, au plus près du terrain, fût-il imaginaire, sur la fonction de médiation et de diplomatie, à tout un tas de niveaux. [...] Peut-être sous l’effet de la progression d’une envie de bienveillance et d’éclat solaire en matière de science-fiction ces derniers temps (que l’on songe évidemment au Psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers, par exemple), il me semble que médiation et diplomatie sont désormais davantage mises au premier plan et scrutées – et c’est diablement intéressant.
Enfin, l’utilisation de la figure tutélaire de l’observateur extérieur (très extérieur, ajouterait-on tout de suite en faisant semblant de ne pas vouloir spoiler), [...] (mais qui de mon point de vue en renforcent plutôt le véritable intérêt, celui que peinent souvent à créer des textes plus soigneusement lissés), tire tout le parti de la métaphore de l’altérité par excellence que constitue l’extraterrestre. [...]