Quand la tigresse descendit de la montagne est encore une fois une novella qui se lit très rapidement, et s’amuse avec sa narration particulière. Cette fois on a une légende racontée par Chih, mais son auditoire connaît une version légèrement différente et on va assister à un ping-pong entre les tigresses et l’adelphe pour modifier tel détail et telle manière de raconter. Chih, qui essaye de pas trop la ramener pour pas se faire bouffer, va devoir rebondir sans arrêt tout en subtilité pour pas fâcher les prédatrices. Encore une fois, Nghi Vo nous parle évidemment des histoires, des contes partagés entre plusieurs cultures mais dont les différentes versions vont nuancer les points de vues et les valeurs qu’elles mettent en avant. Si la narration est plus directe que le tome précédent, on a quand même un jeu narratif ludique dans cet échange, ainsi qu’une tension constante qui tient le lecteur sur ses quelque 120 pages.
La personnalité des trois tigresses qui font face à Chih est superbe, on a vraiment cette impression d’avoir trois prédatrices qui jouent avec leur proie comme un chat (qui sont de toute façon des créatures démoniaques méprisables) avec une souris, entre la cruauté, la curiosité et l’espièglerie. Évidemment, l’adelphe doit jouer de ruse et d’humilité face à elles, iel marche sur des œufs et en est bien conscient.e. Il y a aussi un pan de l’histoire que j’ai adoré, même si il est quasi-anecdotique, c’est toute l’histoire dans le « présent » avec les mammouths dressés qui servent de monture pour traverser les montagnes. J’ai juste kiffé les mammouths, Piluk est super rigolo, j’peux avoir un mammouth, moi aussi ? Je veux un mammouth.
Nghi Vo nous propose encore une fois une histoire envoûtante dans son univers des Collines-Chantantes, calme et pourtant pleine de tension, ludique et atmosphérique, j’ai encore pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette novella et la suivante attend déjà sur mon étagère.