Si vous connaissez vos classiques, vous vous doutez que le conte dont s’inspire l’auteur est celui où une jeune fille doit tisser six chemises sans jamais parler, pour délivrer ses frères transformés en cygnes. La quatrième de couverture et Juliet Marillier elle-même renvoient à la version de Grimm (les six frères cygnes), mais ne vous y fiez pas, dans la structure et dans la dureté, on est bien plus proche de celle d’Andersen (les cygnes sauvages).
Sorcha vit au cœur d’une forêt, en Irlande, avec ses six frères et son père, seigneur du domaine de Septenaigue, située dans une Irlande imaginaire. Comme dans le conte, leur père décide un jour de se remarier, et la belle-mère est bien évidemment une méchante qui ne souhaite que se débarrasser de ces enfants qui ne sont pas les siens. Je vous laisse imaginer (ou lire) la suite.
Juliet Marillier prend son temps pour poser son histoire, puisque les cent premières pages sont consacrées à la présentation des personnages (les six frères sont clairement différenciés, leur histoire bien posée) et du décor (guerres entre irlandais et britons, forêt magique ou presque), si bien qu’on en vient à se demander où est le conte, où nous emmène-t-elle, et quand va arriver la méchante belle-mère.
Mais tout vient à point à qui sait attendre : transformation des frères, Sorcha s’enfuit et tisse ses chemises en silence (avec une plante qui offre un beau mixte entre la version d’Andersen et celle de Grimm, d’ailleurs) et l’histoire retrouve le conte dans les grandes lignes, en plus long, en plus dense, en plus riche…