Ce roman de Guy Gavriel Kay fut vraiment une très belle surprise pour tous ceux qui ne disposaient pas d’atome crochus avec ses précédents héros. Prétendre que l’on quitte un livre à regret est certes un peu convenu, mais tout à fait justifié dans le cas de celui-ci.

Kay - Les Lions d'Al-Rassan - Elbakin
Article Original

Les éditions L’Atalante ont ressorti le roman en août 2017 avec une nouvelle maquette/couverture. 

Depuis l’assassinat, quinze ans auparavant, du dernier khalife, l’empire d’Al-Rassan est éclaté en cités-états rivales. Dans ce climat troublé, la discorde règne, et inlassablement se querellent asharites, adorateurs des étoiles d’Ashar, kindaths et jaddites, les fils du Dieu-soleil Jad. Il est cependant une menace plus grande encore qui pèse sur le royaume : au nord, les anciens monarques d’Espéragne semblent s’organiser pour lancer une guerre sainte de reconquête. C’est dans ce contexte instable que trois destinées d’exception vont se croiser. Trois êtres que tout oppose : Rodrigo Belmonte, le prestigieux chef de guerre jaddite, Jehane brillant médecin kindhat, et Ammar Ibn Khairan, le poète asharite, celui-là même qui jadis assassina le khalife…

Critique

Ce roman de Guy Gavriel Kay fut vraiment une très belle surprise pour tous ceux qui ne disposaient pas d’atome crochus avec ses précédents héros. Bien loin du monde de La Tapisserie de Fionavar, l’auteur se retrouve pour ainsi dire à l’opposé des influences de Tolkien sur son travail. Sa vision d’un pays imaginaire qui rappelle néanmoins fortement l’Espagne d’avant la Reconquista est tout simplement inspirée.
Kay nous promène à travers ses terres enchanteresses, ou l’harmonie et la tolérance qui ont fait leur force sont en train de se disloquer, à l’image du pouvoir. En suivant ces trois héros à la lourde destinée, il emprisonne sans échappatoire le lecteur, contraint de suivre la sourde agonie d’une époque, car c’est bel et bien cela qui se joue au fil des pages. Une période de paix et de prospérité inexorablement révolue.
Kay parvient à plusieurs reprises à tutoyer le sublime, tout en démontrant de façon magistrale qu’il n’y a forcément besoin de magiciens, de créatures fantasmagoriques, ou bien encore d’une incarnation du Mal pour faire de la bonne Fantasy, et tout simplement de la très bonne littérature. Un contre-pied total après le classicisme exacerbé de la Tapisserie. Autre qualité de cet admirable livre, de part un contexte qui se rapproche suffisamment de bons nombres de bases historiques, ou pour le moins s’en inspire, il peut être considéré comme un choix de premier ordre pour mettre un pied novice dans la Fantasy.
Prétendre que l’on quitte un livre à regret est certes un peu convenu, mais tout à fait justifié dans le cas de celui-ci.

8.5/10

Par Gillossen , le 08/04/2001

Publié le 19 septembre 2017

à propos de la même œuvre