Le talent de l’auteur fait tout, fidèle aussi à une thématique du corps et de la chair initiée dans le cycle des « Animauxvilles ».

Le Temps Incertain est un des meilleurs vaisseaux en circulation, bien armé et doté d’un équipage bien entraîné. Pourtant, au voisinage de la planète Esmeralda, il entre en contact avec un nuage galactique qui le réduit en purée en un rien de temps. Les rares survivants ne vont pas tarder à rapporter leur histoire. Pendant ce temps, la jeune Évangeline, fille d’un diplomate de renom, est expédié sur une planète école, Enertia, après une liaison torride avec une jeune femme – visiblement, le futur a vu ici la victoire de ténors anti gay, le mariage pour tous est oublié.

Voilà qu’Enertia est envahie par des insectes qui viennent à bout des humains… A part Évangeline qui survit calfeutrée dans un premier temps, avant d’être découverte par les insectes. Séduit par sa féminité, ils en font leur reine (l’originale a été tuée) quitte à faire muter son corps. Mais Évangeline sait que sa situation est instable : trop humaine, elle ne peut renouveler la colonie et une nouvelle reine a déjà été pondue. Donc elle s’enfuit, via une navette qui la ramène… vers un vaisseau diplomatique en route vers la planète Esmeralda et où se trouve son père. Même si elle est devenue obèse, il la reconnaît et lui expose au bout du compte son problème avec ce nuage. Et si Évangeline, de par son expérience, pouvait devenir une solution pour dialoguer avec cette intelligence extraterrestre ? Le pas est vite franchi.

Pour lire, il faut avoir le cœur accroché. Dunyach décrit une mutation (symbole de l’adolescence) quand la jeune fille devient la reine des insectes, phénomène décrit ici cliniquement, au point de répugner un lecteur lambda (et pas que : pour autant, l’auteur l’a peut-être voulu ainsi). Devenue « notre dame des blattes », Évangeline se révèle une clef pour résoudre un problème de premier contact avec une intelligence extraterrestre à cause de son expérience (les insectes aliens aident-ils à comprendre un nuage de gaz galactiques ? Vous avez quatre heures). À première vue, cela paraît vaseux, voire dégoûtant mais le talent de l’auteur fait tout, fidèle aussi à une thématique du corps et de la chair initiée dans le cycle des « Animauxvilles ». On saluera ici l’exercice de style (car Dunyach est un grand styliste).

 

Sylvain Bonnet, Actusf

Publié le 19 septembre 2019

à propos de la même œuvre