Très rythmé avec des personnages bien construits et où les femmes sont à l’honneur. Le roman est très bien construit et parle de nombreux thèmes comme l’incompréhension, la différence, la communication avec l’autre.

Au pays des Cave Trolls
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Trois hourras pour lady Évangeline est un court roman de space opera signé Jean-Claude Dunyach. Après s’être intéressé aux Trolls sous leurs diverses facettes (un troisième tome est en cours d’écriture), Jean-Claude Dunyach revient à la science-fiction, son genre de prédilection. Trois hourras pour lady Évangeline vient de paraître dans la collection La dentelle du Cygne des éditions L’Atalante. La couverture est signée Pierre Bourgerie. Ce roman a été auparavant une courte novella parue en 2010 avec le même titre, dans le n°58 de la revue Bifrost.

Trois hourras pour lady Évangeline est un space opera dans lequel on sait assez peu de choses sur l’univers. L’homme a colonisé l’espace et les voyages spatiaux se font à bord de vaisseaux et grâce à des sauts dans l’espace-tau. Cependant, l’espace n’est pas un milieu sans risques et les dangers y sont nombreux. Le vaisseau Le Temps incertain va en faire les frais lors d’un voyage de routine près de la planète Esmeralda. Il est en effet attaqué par un étrange nuage de particules qui va détruire le vaisseau intégralement et ensuite s’en prendre aux habitants de Esmeralda. Cette attaque signe le premier acte d’une guerre avec un ennemi terrifiant, redoutable, et dont on ignore tout. Les militaires prennent les choses en main, aidé par un ambassadeur qui est aussi le père d’une jeune fille appelée Évangeline.

Cette dernière était déjà présente dans la novella publiée précédemment, et Jean-Claude Dunyach explique dans une interview que son personnage est resté présent dans son esprit au point qu’il a décidé d’écrire ce roman et de retrouver Évangeline pour une histoire plus développée. Évangeline est une jeune fille un peu paumée et qui a exaspéré ses parents au point que ces derniers décident de l’envoyer sur une planète école pour y poursuivre ses études loin des tentations de leur monde. Malheureusement pour elle, à peine arrivée, l’école subit l’attaque d’une ruche d’insectes hostiles dévorant et recyclant tout ce qu’ils trouvent sur leur route. Par un heureux hasard, la jeune fille arrive dans un premier temps à leur échapper mais elle doit ensuite trouver d’autres moyens pour survivre. Le roman suit ainsi en parallèle les destins du père d’Évangeline face à un ennemi inconnu, dangereux et implacable, et celui d’Évangeline face à des insectes gluants et voraces dont le but est de faire survivre la ruche à tout prix.

Dans ce roman, il est question de survie à plusieurs niveaux. Tout d’abord, celle d’Évangeline, confrontée à une race d’insectes hors normes, elle va devoir se battre pour survivre. Cependant, la manière forte ne sert à rien et elle va devoir utiliser une autre tactique, et comprendre comment la ruche fonctionne et s’adapter à elle. Pour cela, la jeune fille va devoir se transformer en quelque chose d’autre, elle va devoir évoluer. Évangeline est une adolescente en passe de devenir adulte, et elle doit subir une autre forme de transformation. Ensuite, il est question de survie à plus grande échelle : celle des militaires envoyés combattre le nuage de particules, puis celle de milliers d’humains… La première partie du roman m’a parfois fait penser à Aliens, par cet aspect transformation du corps humain ainsi que par la présence des militaires.

Il est difficile de combattre un ennemi dont on ne sait rien, ni ce qu’il veut ni pourquoi il vous combat. Les militaires ne savent rien de leur ennemi et n’arrivent pas à communiquer avec lui. Il n’est déjà pas facile de traiter avec quelqu’un dont on parle le langage mais quand on se trouve face à un mur d’incompréhension, la tache devient impossible. On retrouve ces difficultés de communication à plusieurs reprises dans le roman : incompréhension face à l’ennemi, incompréhension entre Évangeline et son père.Si le langage ne permet pas de se comprendre, il devient nécessaire de  trouver d’autres moyens de communiquer comme les odeurs, les sons. On trouve ainsi dans Trois hourras pour lady Évangeline une dimension physique avec une grande importance des odeurs tout particulièrement. Les phéromones sont plusieurs fois mentionnées ou encore les sécrétions corporelles qui deviennent très importantes pour Évangeline dans sa rencontre avec la ruche. J’ai beaucoup apprécié le fait d’inclure cette dimension au récit, cela permet une plus grande immersion dans le roman. D’autant plus que le style de Jean-Claude Dunyach est très riche.

 

Publié le 29 juillet 2019

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