Ce roman est donc à l’image de son autrice, drôle et engagé… et donc immanquable !

Fantastinet
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Quand je vois passer un petit message indiquant qu’Entends la nuit va paraître aux éditions L’Atalante, avec une couverture magnifique d’Aurélien Police, sous l’appellation d’Urban Fantasy, cela éveille mon intérêt, et une nouvelle fois, je ressors emballé de cette lecture.

N’ayant pas lu Twillight, je serai bien en peine d’être une caution sur le côté anti-Twillight  d’Entends la Nuit mais je n’ai pas de mal à imaginer que cette histoire d’amour compliquée entre un lord anglais dans le directoire d’une entreprise hi-tech et une petite employée tout juste débarquée est l’apothéose de l’homme de pouvoir face à la femme “socialement” inférieure, entre le riche et le pauvre… Pourtant, j’ai quand même eu rapidement l’impression que la jeune Myriame reprenait la main sur la relation et cassait un peu cet aspect femme soumise au beau et étrange et intriguant lord…
Mais, il serait bien limitatif de ne voir que l’aspect parodique. Avec beaucoup du justesse, l’autrice nous décrit un monde du travail impitoyable, que nous percevons dès le départ lorsque la jeune femme se présente à nous avec une mère malade, un père qui a fui une partie de ses responsabilité et un diplôme qui ne lui sert pas à grand chose. Alors comme beaucoup, elle accepte le travail qu’elle peut, précaire bien sûr. Et dès le départ, elle comprend que rien ne lui sera épargné : son bureau vient de subir un dégât des eaux, et elle doit se débrouiller pour le rendre respirable. Les commodités ne sont pas avec un minimum de confort pour éviter que les salariés n’y passent trop temps, la hiérarchie directe a les dents qui rayent le parquet et ne sont que axés sur la productivité, aidé en cela par un système qui permet à tout à chacun de surveiller ses collègues (je vous laisse découvrir ce système).

Et puis, l’incroyable se produit : repérée (et dénoncée dans un premier temps) par Duncan, elle verra le tapis se dérouler pour elle CDI, logement, on en aurait presque la larme à l’oeil par tant de gentillesse… ou de condescendance ? Un moyen de faire comprendre à tous que le petit peuple est à la merci des chefs et par là même qu’elle est redevable. L’employé.e dépendante de son patron, à un point qui dépasse l’entendement et qui tombera amoureux du bellâtre…

Alors, vous vous demandez où se trouve l’élément surnaturel qui me fait parler de ce roman ? Il y a bien un autre monstre que le travail tel qu’il est décrit (bien que je ne suis pas sûr de savoir lequel m’inquiète le plus) : Duncan Vane n’est pas qu’un cadre de l’entreprise, il est aussi un mâne qui pourrait tuer la jeune femme d’un claquement de doigt, et cette possibilité reste bien présente dans l’esprit de la jeune femme. Cet esprit ancien va nous permettre de découvrir un Paris que je ne connaissais pas, faisant découvrir des cours, des tunnels, cimetières ou encore les catacombes moins connues… On sent l’amour de Catherine pour cette ville.

Ce roman est donc à l’image de son autrice, drôle et engagé… et donc immanquable !

- Allan, le 10 novembre 2018.

Publié le 14 novembre 2018

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