Le ton est léger et plein d'humour et de tendresse pour des personnages hors du commun, mais non moins humains pour autant, quoiqu'il puisse en sembler.

Le mystère du tramway hanté - Les Chroniques de l'Imaginaire
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L'agent Hamed Nasr n'est pas content. Pour une part, il est habitué à travailler seul, et n'apprécie pas de se voir affublé d'une bleusaille à former. La bleusaille en question, l'agent Onsi, semble de surcroît être une encyclopédie bavarde sur pattes, gourmande de surcroît. Comment peut-il se repaître des sucreries collantes qu'offre généreusement le surintendant Bashir ?! Ce dernier est la troisième cause de mécontentement pour Hamed : il est chargé de la sécurité et de la maintenance du tramway, et il a fait appel à leur ministère en soutenant que l'une des rames de tramway est hantée. Hantée, je vous demande un peu !!

Hamed et son acolyte entrent dans la rame en question, persuadés de pouvoir gérer quelque fantôme que ce soit. Mais ce n'est clairement pas d'un fantôme qu'il s'agit. Après son expulsion de la rame "hantée", Hamed est convaincu que l'entité surnaturelle qui l'occupe est un djinn. Malheureusement, la procédure qu'il propose à Bashir pour la faire partir est nettement trop chère pour son budget, et même pour celui du ministère, d'ailleurs. Une autre solution existe, et elle doit être mise en place d'urgence, d'autant que la station Ramsès, où est parquée la rame, est de plus en plus fréquentée par les femmes cairotes, qui font connaître leur présence et leur nombre dans le cadre du débat sur la loi sur le vote des femmes au Parlement égyptien.

Cette novella, finaliste des prix Hugo, Locus et Nebula dans sa catégorie, se déroule dans le même univers que L'étrange affaire du djinn du Caire, dont on croise certains personnages. On y retrouve donc la même Egypte uchronique, débarrassée, en 1912, tant des Anglais que des Turcs, grâce à l'aide des djinns qui en ont fait une capitale moderne.

L'auteur démontre un réel talent pour décrire ce cadre à la fois totalement exotique, et étrangement familier aux lecteurs d'Elizabeth Peters, par exemple, et le mélange est parfaitement réussi entre steampunk classique - avec des êtres conscients mécaniques qui évoquent un peu le Miéville de Perdido Street Station - et roman policier tout aussi classique, avec une touche de fantasy orientale comme cerise sur le gâteau. Le ton est léger et plein d'humour et de tendresse pour des personnages hors du commun, mais non moins humains pour autant, quoiqu'il puisse en sembler.

En somme, si vous avez aimé la précédente parution du même auteur chez L'Atalante, vous aimerez certainement celle-ci. Si vous n'avez pas encore lu le précédent tome, vous aimerez certainement celui-ci. Si vous ne savez pas quoi glisser dans votre valise avant de partir en vacances, ce tome fin et léger, au propre comme au figuré, est un choix parfait.

 Mureliane
Publié le 15 juillet 2021

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