Danse avec les lutins c’est à la fois fin et gras, c’est subtil tout en mettant les pieds dans le plat, ça ose des parallèles fonctionnels et pédagogues, ça maintient alerte autant que ça divertie, ça amuse quand on ne s’y attend pas, ça tire des larmes quand on ne s’y attend plus.

Danse avec les lutins - Médiathèque Fontenay-aux-Roses
Article Original

La nuit avait laissé tomber jusqu’à terre son jupon obscur, et la lune enfonçait son croissant beurré dans le café noir du ciel.

Des images dans ce goût-là, le bouquin en est plein ! Certaines, évidentes, se figurent instantanément sous vos yeux ; d’autres, plus subtiles ou audacieusement filées, nécessiteront un peu plus de temps et d’attention pour prendre forme, l’effort vaut le coup.

Voici donc un roman de fantasy qui s’aventure hors des sentiers battus du genre. Dès les premières pages, le lecteur ne saurait douter de la charge humoristique du récit, suivie de près par sa portée réflexive elle-même talonnée par un certain potentiel lacrymal. Oui. Rassurez-vous, le rire — fut-il amer — persiste à prendre le dessus.

Un tour de force considérant les motivations de l’auteure : partager son expérience du Bataclan, armée de son didactique sens de la synthèse, son humour à la glycérine et ses sentences aussi lapidaires qu’imagées.

Et voici la rumeur avec son petit bonnet, la peur.

Catherine Dufour précise que son livre doit tout à l’article de Fouad Laroui Un récit qui n'oublie pas les perdants, paru dans Libération. À lire avant ou après le bouquin, c’est de toute façon édifiant.

Quelques mots du pitch : dans un monde où coexistent une tripotée de créatures féeriques : dryades, ondines, elfes, lutins, sylphides, korrigans et j’en passe, il en est — les ograins (fruits de l’improbable métissage entre ogres et nains) pour ne pas les nommer — qui imposent progressivement leur singulière conception d’une cohabitation pacifique et harmonieuse. Les parallèles s’esquissent tout naturellement — si on les laisse faire.

Danse avec les lutins c’est à la fois fin et gras, c’est subtil tout en mettant les pieds dans le plat, ça ose des parallèles fonctionnels et pédagogues, ça maintient alerte autant que ça divertie, ça amuse quand on ne s’y attend pas, ça tire des larmes quand on ne s’y attend plus.

Pour autant, l’ouvrage ne force pas la réflexion, plusieurs niveaux de lecture sont possibles, laissant ainsi au lecteur la rafraîchissante possibilité de simplement savourer un récit fichtrement bien écrit, imagé et hilarant.

 Médiathèque Fontenay-aux-Roses

Publié le 2 mars 2020

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