Dernières nouvelles de la Terre est le second recueil de nouvelles de Pierre Bordage, plus adepte du marathon que du sprint en écriture. Si plusieurs de ses romans sont devenus des classiques de la SF française, ses nouvelles n’ont pas la notoriété des Guerriers du Silence, de Wang, de L’Enjomineur, œuvres puissantes et inspirées, où l’auteur déroule des univers aussi variés que passionnants sur plus de cinq cents pages par tome. Ecrites ces dernières années, au détour d’une anthologie (Les archives du futur, 10 façons d’assassiner notre planète, Complots capitaux, Utopiales 2009, etc.), les nouvelles des deux recueils s’inscrivent temporellement dans une certaine continuité thématique et une certaine unité de ton. Nouvelle vieTM abordait déjà les thèmes du clonage, du patrimoine génétique, de la dérive de la nature humaine ou des puissants qui nous gouvernent. Dans un style toujours limpide, imagé, parfois un peu lisse à force d’être policée, l’auteur des Fables de l’Humpur est un conteur patenté ; il déroule ses récits avec un naturel consommé, en parfaite osmose avec ses personnages, toujours en quête de liberté et de dépassement. La nouvelle est un exercice un peu différent. Elle a ses exigences particulières et ne laisse pas à l’auteur la possibilité de sonder les profondeurs psychologiques de son personnage, de le confronter aux autres et à une succession d’événements catalyseurs. Elle permet des jeux de style, des audaces narratives, elle met en exergue l’inventivité technique ou scénaristique de l’auteur SF, elle privilégie la surprise et la chute du récit, plus que la force du propos. Pierre Bordage s’en tire avec élégance, intelligence et professionnalisme, il nous livre un bon recueil de SF, agréable à lire et dans l’air du temps, mais il ne profite pas du genre pour explorer de nouvelles voies et proposer, à travers ses personnages, des voix originales. L’introduction en forme de nouvelle, (Sources) et d’interview par une lectrice du futur était pourtant une façon amusante et prometteuse de présenter les préférences et les références de l’auteur.  Marc Alotton Lire la suite de l'article 

Bordage - Dernières nouvelles de la Terre - ActuSf

Dernières nouvelles de la Terre est le second recueil de nouvelles de Pierre Bordage, plus adepte du marathon que du sprint en écriture. Si plusieurs de ses romans sont devenus des classiques de la SF française, ses nouvelles n’ont pas la notoriété des Guerriers du Silence, de Wang, de L’Enjomineur, œuvres puissantes et inspirées, où l’auteur déroule des univers aussi variés que passionnants sur plus de cinq cents pages par tome.

Ecrites ces dernières années, au détour d’une anthologie (Les archives du futur, 10 façons d’assassiner notre planète, Complots capitaux, Utopiales 2009, etc.), les nouvelles des deux recueils s’inscrivent temporellement dans une certaine continuité thématique et une certaine unité de ton. Nouvelle vieTM abordait déjà les thèmes du clonage, du patrimoine génétique, de la dérive de la nature humaine ou des puissants qui nous gouvernent.

Dans un style toujours limpide, imagé, parfois un peu lisse à force d’être policée, l’auteur des Fables de l’Humpur est un conteur patenté ; il déroule ses récits avec un naturel consommé, en parfaite osmose avec ses personnages, toujours en quête de liberté et de dépassement. La nouvelle est un exercice un peu différent. Elle a ses exigences particulières et ne laisse pas à l’auteur la possibilité de sonder les profondeurs psychologiques de son personnage, de le confronter aux autres et à une succession d’événements catalyseurs. Elle permet des jeux de style, des audaces narratives, elle met en exergue l’inventivité technique ou scénaristique de l’auteur SF, elle privilégie la surprise et la chute du récit, plus que la force du propos. Pierre Bordage s’en tire avec élégance, intelligence et professionnalisme, il nous livre un bon recueil de SF, agréable à lire et dans l’air du temps, mais il ne profite pas du genre pour explorer de nouvelles voies et proposer, à travers ses personnages, des voix originales. L’introduction en forme de nouvelle, (Sources) et d’interview par une lectrice du futur était pourtant une façon amusante et prometteuse de présenter les préférences et les références de l’auteur. 

Marc Alotton

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Publié le 19 octobre 2010

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