Je suis une fois de plus tombée sous le charme d’une uchronie de Johan Heliot. J’aime sa façon de réinventer notre monde et l’Histoire, trouvant à chaque fois un angle différent qui amène à réfléchir sur notre quotidien.

Les lectures de Sophie
Article Original

Frankenstein 1918 est un roman de Johan Heliot, paru le 20 septembre 2018 aux éditions L’Atalante, dans la collection La dentelle du cygne. Une jolie uchronie revisitant le mythe de Frankenstein, entre autres…

Ce livre fait partie de mes achats lors des Utopiales, en novembre dernier. Je l’avais repéré avant même sa sortie, car j’aime beaucoup la plume de Johan Heliot, notamment ses uchronies.

Un bel hommage à Mary Shelley, dans une uchronie où la Grande Guerre est devenue la Guerre Terminale, et s’est prolongée bien au-delà de 1918 et a vu la victoire de la Prusse, et la mise en place d’une Fédération Paneuropéenne, présidée par Franz von Papen, mais dirigée dans les faits par un certain Göring…

L’issue de la guerre aurait peut-être été différente si Churchill avait pu mettre en oeuvre des bataillons entiers de frankies. Que sont les frankies ? Un projet fou de Churchill visant à créer une armée de morts-vivants, ramenés à la vie par un procédé imaginé par le Dr Frankenstein. Ça vous dit quelque chose ?

La structure de ce roman est pour le moins originale, alternant pas moins de quatre point de vues. En prologue et épilogue, Astrid Laroche-Voisin, en 2018, nous présente le contenu du recueil, ainsi que la situation historique et géopolitique. Son père, Edmond Laroche-Voisin raconte comment il a mené l’enquête sur les traces de Victor, le premier frankie. Il nous livre des extraits des mémoires secrets de Churchill, ainsi qu’un manuscrit de Victor. Chacun des protagonistes s’exprime à la première personne, à la manière d’un journal intime. On balaye donc des points de vues très divers autour de la même histoire centrale : la « vie » de Victor et de ses collègues frankies. A aucun moment je n’ai été perdue entre les différents personnages, car ils ont des version très distinctes, et chacun son style et sa manière de raconter les choses.

Le manuscrit de Victor est vraiment le cœur du roman, on y découvre au quotidien ce que c’est qu’être ramené à la vie, d’être programmé pour tuer… Les frankies sont forts, très forts, ne craignent pas la mort, ne dorment pas, ne mangent pas ou peu, bref, ce sont des troupes idéales sur le front ! Mais qui se soucie de leurs états d’âmes ?

Pour une fois, l’auteur fait intervenir dans une de ses uchronies des personnages féminins célèbres, Marie Curie et sa fille Irène. Ça permet de rééquilibrer un peu la balance, car souvent, ce sont des hommes célèbres qui sont mis en avant dans ses romans. [...] Et Marie et Irène ont des rôles importants, non seulement historiquement parlant dans le déroulement de la guerre et la recherche scientifique, mais aussi dans la vie des protagonistes de ce roman, notamment Victor.

Je suis une fois de plus tombée sous le charme d’une uchronie de Johan Heliot. J’aime sa façon de réinventer notre monde et l’Histoire, trouvant à chaque fois un angle différent qui amène à réfléchir sur notre quotidien.

- Sophie, le 29 janvier 2019.

Publié le 9 février 2019

à propos de la même œuvre