Que dire ? Par où commencer la description des émotions que j’ai ressenti en lisant le roman? Comment vous transmettre à quel point cette lecture est belle et à quel point elle m’a touchée et apaisée ? Je suis face à ces coups de cœur intersidéraux où tous les mots semblent insuffisants et dont je pourrai vous parler des journées entières. Tous les livres de Becky Chambers parviennent à me redonner espoir, en l’avenir et en l’humanité, et à apporter de la lumière dans le pessimisme de mes pensées. La Galaxie vue du sol ne déroge absolument pas à cette règle, en mettant en scène une panoplie de personnages dont la rencontre et les échanges nourrissent de formidables réflexions et participent à l’évolution de leurs points de vue sur l’Autre et sur le monde dans lequel ielles évoluent. Obligées de cohabiter un temps ensemble, ces différentes espèces vont confronter leurs connaissances, mais surtout leurs méconnaissances, participant ainsi à la construction d’un monde plus inclusif. Profondément bienveillant, mais sans jamais se leurrer sur nos failles ni sur nos propres biais, le roman propose des personnages qui font preuve d’une humanité et d’une ouverture d’esprit qui leur permet d’évoluer. Avec son optimisme à toute épreuve, Becky Chambers dresse à nouveau le portrait d’un futur volontairement inclusif, apprenant chaque jour de ses erreurs pour bâtir un monde toujours plus doux. Même imparfaite, même défaillante sur de nombreux points, cette utopie est un idéal qu’on rêve d’atteindre à la lecture.
Difficile aussi de vous résumer toute l’étendue de ce roman. Les thèmes abordés sont variés, nombreux et passionnants, touchant tant aux réflexions intimes qu’aux questions géopolitiques. Par la rencontre de ces personnages aux cultures et histoires diverses, La Galaxie vue du sol propose des sujets où les points de vue sont divergents, nourrissant ainsi nos réflexions et notre manière biaiser de juger d’un fait. C’est le cas notamment des préjugés que toutes et tous ont sur le peuple Akarak, préjugés qui s’effritent rapidement face au personnage de Haut-Parleuse qui s’éloigne totalement de ce qu’ielles pensaient savoir. La Galaxie vue du sol aborde également des sujets puissants, sur l’exil, les apatrides ou la colonisation mais également des sujets plus intimes, notamment le choix de ne pas se conformer aux normes sociales (sur des sujets là encore vastes) ou encore simplement l’attachement aux siens et la définition qu’on peut donner au mot famille ou amour selon les cultures. Il y est énormément question d’altérité mais aussi d’inclusion au sens large. Comment, par exemple, adapter les choses les plus élémentaires de la vie quand on ne connaît pas les besoins primaires d’une autre espèce ? C’est une des nombreuses questions que pose l’autrice dans ce roman d’une douceur infinie. J’ai été de nombreuses fois émue aux larmes, non pas par d’éventuels drames mais simplement touchée par la beauté de certaines scènes et de certains échanges. Les personnages m’ont tous touché en plein cœur, de la Laru des plus accueillantes à l’aléluonne dont l’émotion affleure sous son rôle social en passant par le Quélin, philanthrope touchant et l’Akarak, modèle de sagesse dans une vie si courte. J’en suis ressortie apaisée avec l’envie de m’allonger dans l’herbe et de regarder les étoiles en imaginant la suite de la vie de ces personnages que j’ai tant aimé découvrir, ainsi que tous ceux de la saga Les Voyageurs que je porte bien haut dans mon cœur.
En bref, Becky Chambers signe ici le plus beau titre d’une saga absolument formidable. Bienveillant, doux, inclusif mais sans se leurrer sur nos failles ni tomber dans la niaiserie, La Galaxie vue du sol est un concentré d’humanité (sans aucun humain!) où la rencontre des espèces participe à bâtir un futur plus inclusif. J’ai le sentiment d’avoir lu mon coup de cœur de l’année. Je l’ai terminé émue, apaisée, le sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux.