Situé dans un futur relativement proche, le XXIIIème siècle, Les Portes d'Occident imagine une partition du monde que notre présent rend potentiellement crédible. D'un côté, un Occident blanc repu à l'abri derrière l'infranchissable Rideau électromagnétique qui le protège des incursions extérieures. De l'autre, le reste du monde, plongé dans la misèreet la violence, avec une République populaire sino-russe en proie aux mafias et autres triades, une grande nation islamique soumise à l'intégrisme coranique et une Asmud livrée à ses démons cruels. D'un côté une civilisation hypertechnologique et décadente qui conjure son ennui en organisant des "Jeux uchroniques" où s'affrontent, sous la conduite d'un meneur de jeu représentant d'une nation, de véritables armées dans des wargames grandeur nature. De l'autre, des miséreux et des condamnés qui se précipitent quand s'ouvrent, à intervalles réguliers, les fameuses portes de l'Occident, vers un destin dont ils ignorent tout. Ce sont eux, bien sûr, qui vont grossir les cohortes gladiatrices dont les Occidentaux savourent les joutes mortelles sur leurs écrans en sensorama, avec d'autant plus d'intérêt qu'elles ont de surcroît des enjeux politiques de quelque importance. Mais tout système sécrète ses déviants, possède ses ferments de chaos. Dans ce premier volume, l'auteur les désigne à notre attention ou les montre déjà à l'oeuvre. C'est le cas, évidemment, de Wang, ce jeune chinois de dix-sept ans,dont Les Portes d'Occident conte l'odyssée, des faubourgs du Grand Wroclaw jusqu'au champ de bataille de l'île des Jeux, et qui, à l'issue du roman, se sent investi d'une mission : abattre la muraille qui divise l'humanité.Nous attendons avec impatience de savoir comment il y parviendra : ce sera le sujet d'un deuxième tome, à paraître très prochainement. Avec le premier déjà, qui mérite tous les éloges, Pierre Bordage a définitivement fait son entrée dans la cour des grands. L'intrigue est ici parfaitement maîtrisée, les personnages fort bien dessinés, les arrières-plans d'une densité certaine, la critique sociale pointée avec la virulence que l'époque mérite... Avec Les Portes d'Occident, la science-fiction française confirme une fois encore la force de son renouveau.   Jacques BAUDOU, Le Monde, 3 mai 1997

Bordage - Wang I - Le Monde

Situé dans un futur relativement proche, le XXIIIème siècle, Les Portes d'Occident imagine une partition du monde que notre présent rend potentiellement crédible. D'un côté, un Occident blanc repu à l'abri derrière l'infranchissable Rideau électromagnétique qui le protège des incursions extérieures. De l'autre, le reste du monde, plongé dans la misèreet la violence, avec une République populaire sino-russe en proie aux mafias et autres triades, une grande nation islamique soumise à l'intégrisme coranique et une Asmud livrée à ses démons cruels.

D'un côté une civilisation hypertechnologique et décadente qui conjure son ennui en organisant des "Jeux uchroniques" où s'affrontent, sous la conduite d'un meneur de jeu représentant d'une nation, de véritables armées dans des wargames grandeur nature. De l'autre, des miséreux et des condamnés qui se précipitent quand s'ouvrent, à intervalles réguliers, les fameuses portes de l'Occident, vers un destin dont ils ignorent tout.

Ce sont eux, bien sûr, qui vont grossir les cohortes gladiatrices dont les Occidentaux savourent les joutes mortelles sur leurs écrans en sensorama, avec d'autant plus d'intérêt qu'elles ont de surcroît des enjeux politiques de quelque importance.

Mais tout système sécrète ses déviants, possède ses ferments de chaos. Dans ce premier volume, l'auteur les désigne à notre attention ou les montre déjà à l'oeuvre. C'est le cas, évidemment, de Wang, ce jeune chinois de dix-sept ans,dont Les Portes d'Occident conte l'odyssée, des faubourgs du Grand Wroclaw jusqu'au champ de bataille de l'île des Jeux, et qui, à l'issue du roman, se sent investi d'une mission : abattre la muraille qui divise l'humanité.Nous attendons avec impatience de savoir comment il y parviendra : ce sera le sujet d'un deuxième tome, à paraître très prochainement.

Avec le premier déjà, qui mérite tous les éloges, Pierre Bordage a définitivement fait son entrée dans la cour des grands. L'intrigue est ici parfaitement maîtrisée, les personnages fort bien dessinés, les arrières-plans d'une densité certaine, la critique sociale pointée avec la virulence que l'époque mérite... Avec Les Portes d'Occident, la science-fiction française confirme une fois encore la force de son renouveau.

 

Jacques BAUDOU, Le Monde, 3 mai 1997

Publié le 24 août 2009

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