N’ayant pas lu la série de novellas de l’autrice « Les archives des Collines-Chantantes » (depuis c’est chose faite), ni Gatsby le Magnifique, roman de F. Scott Fitzgerald dont elle s’est inspirée pour cette réécriture, autant vous dire que je partais de loin. Mais parfois mieux vaut ne rien savoir pour un effet encore plus wouaaa !
Je ne vais pas vous parler de l’œuvre originale, mais sachez que nous sommes bien évidemment plongés dans les Années folles et que l’on retrouve tous les personnages qui entourent Gatsby : Nick, Daisy, Tom mais surtout Jordan, puisque c’est de son point de vue à elle que nous allons suivre l’histoire (et de ce que j’en sais, il s’agit du personnage le plus effacé du roman).
Il faut tout de même noter quelques différences, sinon point d’intérêt à se réapproprier une œuvre, si ce n’est de faire passer des messages.
Ainsi, Jordan Baker est ici native du Tonkin (ancien nom de la partie septentrionale du Viêt Nam) et est déracinée très jeune pour vivre dans une famille bourgeoise aux Etats-Unis. Elle va être confrontée au racisme ainsi qu’au manque d’appropriation culturelle, qu’elle soit d’origine ou d’adoption, et va évoluer au sein d’une jeunesse dorée dont elle va graviter en électron libre.
Jordan est une jeune femme autonome et indépendante qui peut paraître froide et distante au premier abord, mais qui en réalité reflète simplement le fait qu’elle ne souhaite appartenir à personne.
Dans ce roman contemplatif, place aux personnages féminins : Jordan et Daisy, sa meilleure amie, mènent la danse endiablée des amours libres et nous aident à comprendre les chassés croisés et désillusions qui unissent les protagonistes entre eux.
Last but not least, le réalisme magique et les touches savamment distillées de fantastique qui sont présents pour mon plus grand bonheur. Sans cela, je pense que je n’aurais pas autant adhéré à la plume poétique et directe à la fois de Nghi Vo, qui nous fait évoluer dans un monde où le papier s’anime et dans lequel boire du sang de démon est à la mode.