Le roman est court mais d’une foisonnante densité.

Le mur grec - Pol'Art Noir
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Il faut un certain temps et quelques dizaines de pages pour se glisser dans le récit de Nicolas Verdan en compagnie de son personnage énigmatique, Agent Evangelos. L’écriture est originale, le découpage sophistiqué déconcertant, mais dès lors qu’on s’adapte à cette exigence, la magie opère.
Le roman est court (un peu plus de deux cents pages) mais d’une foisonnante densité.

Nicolas Verdan connaît bien la Grèce, pays d’origine de sa mère, et y séjourne régulièrement, aussi n’est-il pas étonnant qu’il en dresse un portrait saisissant. Evangelos fait le lien entre aujourd’hui et l’époque de la dictature militaire, les mauvais penchants qui perdurent, mais aussi la corruption qui gangrène le pouvoir quand les Grecs eux-mêmes n’aspirent, impuissants devant les conséquences de la crise économique, qu’à vivre tranquilles. Il en va d’ailleurs de même avec les personnages de la prostituée russe et de l’entrepreneur allemand liés à la présence de cette tête coupée, pris au piège d’un système totalement dérégulé.
Et bien évidemment, il y a pourtant plus malheureux qu’eux aux frontières d’une Europe encore riche, recroquevillée derrière ses portes d’entrée situées étrangement chez ses membres les plus démunis et sur qui la « commission » rejette la responsabilité d’endiguer les flux de réfugiés.
Paru une première fois en 2015 avant d’être réédité dans la collection Fusion, Le Mur Grec est néanmoins malheureusement toujours d’actualité.

Publié le 13 novembre 2023

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