« Le Mur Grec » de Nicolas Verdan contre lequel se heurte tant d'espoir

Il vient, de ce côté du monde, une souffrance. Chaque nuit, elle s’insinue en silence dans le cours de l’Evros, avant d’épandre dans les champs, à l’aube, ses graines transparentes à la lumière de l’autre rive.

Pourquoi ce livre ?

• Parce que L'Atalante a la bonne idée de mettre en lumière des écritures différentes, des voix avec des accents pour nous faire voyager dans le sombre des autres pays et à cette ambition-là, Le Mur Grec est une réelle bonne surprise.
• Parce que dans ce roman, l’auteur nous explique la condition particulière de la Grèce au moment de la crise financière et des répressions des manifestations. L’auteur insère dans cette crise politique réelle, un fait divers fictionnel qui peut servir le gouvernement pendant les tractations avec l’Europe. Un polar où se côtoient trafiquants d’humains et hautes sphères d’influences sans jamais se rencontrer.
• Parce qu’il y a toutes ces histoires humaines : des prostituées cloîtrées dans des bordels insalubres, droguées et violées, des migrants, à bout de forces, ayant réussi à traverser la rivière frontalière de nuit, des trajectoires chaotiques et Athènes, avec son passé dictatorial, son présent en pleine crise, ses rues qui descendent comme on dévale un toboggan, son ambiance nocturne particulière et le peuple grec qui n’en peut plus de ne plus être entendu
  et fatigué de s’être laissé berner par des politiques corrompus.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Sur les bords de l’Evros, rivière frontalière entre la Grèce et la Turquie, la police découvre la tête d’un homme. L’agent Evangelos, membre des renseignements et proche la retraite, part sur place pour enquêter avec comme consigne d’étouffer l’affaire.

Les personnages. Evangelos agent du renseignement proche de la retraite, Nikolaus Strom homme d’affaires allemand et sa compagne Christina Lazaridou, Polina prostituée russe, lieutenant Anastasis d’Alexandroupolis, l’homme d’affaires Barbaros, les gardes-frontières de Frontex et les migrants.

Les lieux. Alexandroupolis et la zone frontalière d’Evros, Athènes.

L’époque. De décembre 2010 à janvier 2011

L’auteur. Auteur Nicolas Verdan est journaliste indépendant suisse. Il vit entre la Suisse et la Grèce, sa patrie de cœur.

Ce livre a été lu avec délectation, connaissant Athènes, j’ai retrouvé tout ce que j’aime chez les Grecs : l’usure du temps, la fatalité du présent et les histoires qui s’inscrivent dans une durée qui semble éternelle. Le style de l’auteur est incroyablement prenant, on sent une plume amoureuse de ce pays.

Christian Dorsan