Le futur commence en bas de chez vous… A priori, le nouveau recueil de notre collaborateur n'est pas à ranger dans la catégorie SF. D'ailleurs, dès sa première nouvelle (sur onze), il prévient: "La science-fiction est morte. Le présent, c'est plus urgent qu'un futur qui ne viendra jamais". Qui parle? Un jeune écrivain de banlieue ou, comme on dit, vivant dans un "quartier sensible". Mais il est facile aussi de penser qu'il s'agit de la parole de l'auteur, dont on connait la sensibilité sociale, et qui alimente ses textes par un vécu se nourrissant d'animations tous azimuts avec nombre de ressortissants de couches sociales pas spécialement favorisées. D'où un ensemble de situations, de portraits, de dialogues qu'on dirait saisis sur le vif : profs en déshérence, jeune flic qui va se pendre par désespoir, collégiens qui se cherchent sans se trouver, parents d'élèves en bisbille - formant un tableau vivant, un rien didactique aussi, de la France de 2012. Quand même, à force de parler du présent, on garde un oeil sur le futur et, insensiblement, les textes intègrent quelques bribes d'anticipation, comme cette belle idée des caméras de vidéosurveillance cachées dans des cariatides ornant les réverbères ("Subtilité proprement horrifiante, sa tête pivotante s'orienta dans ma direction…") et bien sûr la nouvelle conclusive, 2021, qui décrit le projet d'une ville organique totalement refermée sur elle-même et régie par le privatif, la cityplasme. Un recueil qu'on pourrait placer sous le double parrainage de Frank Pavloff et son Matin Brun, et Stéphane Hessel avec Indignez-vous!   Jean-Pierre Andrevon L'écran fantastique, n°330, Avril 2012

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Le futur commence en bas de chez vous…

A priori, le nouveau recueil de notre collaborateur n'est pas à ranger dans la catégorie SF. D'ailleurs, dès sa première nouvelle (sur onze), il prévient: "La science-fiction est morte. Le présent, c'est plus urgent qu'un futur qui ne viendra jamais". Qui parle? Un jeune écrivain de banlieue ou, comme on dit, vivant dans un "quartier sensible". Mais il est facile aussi de penser qu'il s'agit de la parole de l'auteur, dont on connait la sensibilité sociale, et qui alimente ses textes par un vécu se nourrissant d'animations tous azimuts avec nombre de ressortissants de couches sociales pas spécialement favorisées.

D'où un ensemble de situations, de portraits, de dialogues qu'on dirait saisis sur le vif : profs en déshérence, jeune flic qui va se pendre par désespoir, collégiens qui se cherchent sans se trouver, parents d'élèves en bisbille - formant un tableau vivant, un rien didactique aussi, de la France de 2012. Quand même, à force de parler du présent, on garde un oeil sur le futur et, insensiblement, les textes intègrent quelques bribes d'anticipation, comme cette belle idée des caméras de vidéosurveillance cachées dans des cariatides ornant les réverbères ("Subtilité proprement horrifiante, sa tête pivotante s'orienta dans ma direction…") et bien sûr la nouvelle conclusive, 2021, qui décrit le projet d'une ville organique totalement refermée sur elle-même et régie par le privatif, la cityplasme. Un recueil qu'on pourrait placer sous le double parrainage de Frank Pavloff et son Matin Brun, et Stéphane Hessel avec Indignez-vous!

 

Jean-Pierre Andrevon

L'écran fantastique, n°330, Avril 2012

Publié le 12 avril 2012

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