(...) Cette nouvelle résonne avec Au réveil il était midi, où la SF à proprement parler est discrète, ténue, extrêmement ténue... si subtile qu'elle semble parfois absente, et qu'il faut se raccrocher à ce qui fait la fiction dans chaque récit pour le rendre supportable. Pas, ou très peu, de matière scientifique à l'origine de chaque situation, simplement un travers politique, administratif poussé au bout de sa logique. C'est dur, c'est brutal, ça prend aux tripes, surtout quand les échos sont forts dans le monde réel. Sparadrap et bouts de ficelle, par exemple. Si on vous a déjà raconté, si vous avez déjà vécu, un rendez-vous avec un conseiller Pôlemploi, renvoyé douze fois votre dossier complet remis sept autres en mains propres, vous savez que la réalité n'est pas loin de la fiction. La Morale de l'histoire m'a encore plus interpelée. J'ai été TZR huit ans, et TZR chanceuse. Quand j'expliquais à chaque veille de rentrée, que non, aucune idée d'où je serais le lendemain, que oui, je pouvais être sur plusieurs établissements, que non, jamais je n'avais été formée à une bonne partie de ce que je suis censée enseigner, on ouvrait des yeux effarés autour de moi. Et pourtant. c'est tellement peu de choses dans un système éducatif en déliquescence. Voir débarquer les chiens en quête de drogue, la police dans l'établissement, ce sont des choses qui arrivent. Le pistonnage intensif aussi. Base Elèves. Et les dérives qui vont avec... aussi. J'évoquerai aussi La Petite fille entre deux mondes, et les centres de détention réservés aux étrangers qui y sont dépeints. Vous savez bien, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, hein ? C'est vrai. Il n'empêche que derrière ladite misère, il y a des hommes et des femmes. Qui ont des enfants. Que j'ai eu face à moi l'année où j'ai enseigné en classe d'accueil. Que je retrouve maintenant que je suis estampillée "ex-prof de CLA" et qu'ils arrivent en "intégration" (joli mot pour dire qu'en un an, hop, la magie opère, tout le monde est parfaitement francophone). Bref... ce recueil m'a très sérieusement prise aux tripes. Je l'ai détesté, et j'ai adoré le détester : je l'ai détesté parce qu'il montre des choses justes, des dérives qui ne sont pas à exclure, insoutenables pour celles déjà réelles... et par ricochet, j'ai adoré la force magistrale qui se dégage de l'ensemble. Ce recueil est insoutenable, mais salutaire. (...) Angua Journal semi-littéraire Blog

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(...) Cette nouvelle résonne avec Au réveil il était midi, où la SF à proprement parler est discrète, ténue, extrêmement ténue... si subtile qu'elle semble parfois absente, et qu'il faut se raccrocher à ce qui fait la fiction dans chaque récit pour le rendre supportable. Pas, ou très peu, de matière scientifique à l'origine de chaque situation, simplement un travers politique, administratif poussé au bout de sa logique. C'est dur, c'est brutal, ça prend aux tripes, surtout quand les échos sont forts dans le monde réel. Sparadrap et bouts de ficelle, par exemple. Si on vous a déjà raconté, si vous avez déjà vécu, un rendez-vous avec un conseiller Pôlemploi, renvoyé douze fois votre dossier complet remis sept autres en mains propres, vous savez que la réalité n'est pas loin de la fiction. La Morale de l'histoire m'a encore plus interpelée. J'ai été TZR huit ans, et TZR chanceuse. Quand j'expliquais à chaque veille de rentrée, que non, aucune idée d'où je serais le lendemain, que oui, je pouvais être sur plusieurs établissements, que non, jamais je n'avais été formée à une bonne partie de ce que je suis censée enseigner, on ouvrait des yeux effarés autour de moi. Et pourtant. c'est tellement peu de choses dans un système éducatif en déliquescence. Voir débarquer les chiens en quête de drogue, la police dans l'établissement, ce sont des choses qui arrivent. Le pistonnage intensif aussi. Base Elèves. Et les dérives qui vont avec... aussi.

J'évoquerai aussi La Petite fille entre deux mondes, et les centres de détention réservés aux étrangers qui y sont dépeints. Vous savez bien, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, hein ? C'est vrai. Il n'empêche que derrière ladite misère, il y a des hommes et des femmes. Qui ont des enfants. Que j'ai eu face à moi l'année où j'ai enseigné en classe d'accueil. Que je retrouve maintenant que je suis estampillée "ex-prof de CLA" et qu'ils arrivent en "intégration" (joli mot pour dire qu'en un an, hop, la magie opère, tout le monde est parfaitement francophone).

Bref... ce recueil m'a très sérieusement prise aux tripes. Je l'ai détesté, et j'ai adoré le détester : je l'ai détesté parce qu'il montre des choses justes, des dérives qui ne sont pas à exclure, insoutenables pour celles déjà réelles... et par ricochet, j'ai adoré la force magistrale qui se dégage de l'ensemble. Ce recueil est insoutenable, mais salutaire.
(...)

Angua
Journal semi-littéraire Blog

Publié le 17 octobre 2012

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