Humanité en désespérance, survie, déliquescence des sociétés occidentales, folie des manipulations génétiques sur le vivant. Voilà les principaux thèmes de Celle qui a tous les dons, de Mike Carey. En bref, pour apprécier, il n’est pas nécessaire d’aimer les romans de zombies ou pré-apocalyptiques.

Carey - Celle qui a tous les dons - MargueriteRothe
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Découvert il y a quelques années sur le site myculturezombie, ce roman est, avec L’homme des morts, de V. M. Zito, et World war Z., de Mark Brooks, de ceux que je classe tout en haut de mon palmarès pour le genre zombie. Intimiste pour l’un, roman choral pour l’autre, tous les deux ont la même ambition : parler de l’humain. Et bien qu’ils ne soient pas les Prix Hugo du siècle, leurs histoires restent en mémoire. Ce qui est déjà plutôt pas mal. Pour le genre, Celle qui a tous les dons, de Mike Carey se situe entre les deux.

Carey n’épilogue pas indéfiniment sur les affres d’une malédiction qui se serait soudainement abattue sur l’humanité. Comme Zito et Brooks, son propos va au-delà du narratif de la pourriture et du sang. Même, selon moi, Celle qui a tous les dons, n’est pas à proprement parler une pure histoire de zombies. Même si les chairs sanglantes font raisonnablement partie du paysage. Quant aux autres personnages, leurs comportements, leurs errements, leur manière de se fourvoyer sans cesse, m’ont évoqué la question de la finalité de l’humain. De sa présence au monde. À la fois si fort et si fragile. Est-ce ainsi qu’il doit être, cet Homme ? Inéluctablement ?

J’ai aimé suivre cette enfant peu ordinaire. Déjà si vieille et si sage, dans ce monde où la lumière semble se raréfier à mesure que se précipitent les évènements. Presque tous ceux qui l’entourent n’ont pas compris, ou ne veulent pas comprendre, que le précipice est tout près. Ils voient Melanie fragile, alors qu’elle possède en elle une vivacité et une puissance de début du monde. J’ai beaucoup, beaucoup aimé aussi la partie « végétale » du récit. Une belle pièce d’imaginaire, que chaque auteur espère en son for intérieur produire un jour…

Humanité en désespérance, survie, déliquescence des sociétés occidentales, folie des manipulations génétiques sur le vivant. Voilà les principaux thèmes de Celle qui a tous les dons, de Mike Carey.

En bref, pour apprécier, il n’est pas nécessaire d’aimer les romans de zombies ou pré-apocalyptiques. Sinon, c’est peut-être une lecture à essayer, pour découvrir d’autres horizons.

 

Marguerite Rothe 

 

 

Publié le 28 septembre 2017

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