On apprécie tout particulièrement la force et la complexité des personnages féminins, qui n’hésitent pas à se salir les mains et jouent un rôle actif (Mélanie en tête), loin du stéréotype des demoiselles en détresse. Tantôt tendre et touchant, tantôt haletant et effrayant, Celle qui a tous les dons est un livre prenant et difficile à lâcher.

Celle qui a tous les dons - Justine Vaillant
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Dans une base militaire anglaise, Mélanie est une petite fille de dix ans qui se réveille chaque matin dans une cellule spartiate, est sanglée à un fauteuil par des soldats sur-armés avant d’être conduite en classe avec ses petits camarades. Car après qu’un champignon ait transformée l’Humanité en zombies appelés « affams », ces enfants sont synonymes d’espoir : malgré leur faim dévorante pour les êtres humains, ils sont capables de se maîtriser et de ressentir des émotions. Pour comprendre leur fonctionnement, ils suivent les cours de Mademoiselle Helen Justineau, institutrice de la base, tandis que certains d’entre-eux sont disséqués sans états d’âme par le docteur Caroline Cadwell. Mais un jour, la base est attaquée et Mélanie, Justineau et Cadwell parviennent à s’échapper, accompagnées par le sergent Eddie Parks et le soldat Kieran Gallagher.

Dans un monde dévasté et hostile, une galerie hétéroclite de personnages brisés tente de survivre : Mélanie est horrifiée par ses pulsions cannibales, Cadwell est frustrée de son incapacité à trouver un remède, tandis que Justineau, Parks et Gallagher sont contraints de vivre avec leur passé douloureux. On apprécie tout particulièrement la force et la complexité des personnages féminins, qui n’hésitent pas à se salir les mains et jouent un rôle actif (Mélanie en tête), loin du stéréotype des demoiselles en détresse. Tantôt tendre et touchant, tantôt haletant et effrayant, Celle qui a tous les dons est un livre prenant et difficile à lâcher.

Car en imaginant la deuxième génération d’infectés, cette fois dotés d’intelligence et de conscience, Mike Carey rebat les cartes de l’apocalypse de morts-vivants et lui donne un nouveau souffle. Il apporte également une réponse nouvelle à l’issue de cette fin du monde, qui fait écho à notre société contemporaine et prend alors une autre dimension. Le roman délivre également un message fort sur la tolérance et l’acceptation de la différence. En mars 2018, l’auteur publie un deuxième roman dans le même univers : La Part du monstre s’intéresse cette fois-ci aux événements de l’infection en elle-même.

Justine Vaillant

Publié le 7 septembre 2018

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