Un roman court que j’ai adoré : une plume magnifique qui étudie sous forme de nouvelles la force de la nature, mais aussi sa cruauté et sa résilience.

Faunes - Livraisons Littéraires
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J’ai flashé sur ce livre tout à fait par hasard à la Foire du Livre de Bruxelles. Je ne connaissais pas cette collection de formats courts chez l’Atalante et j’ai eu envie d’essayer. La magnifique couverture de ce roman, à la fois sauvage et végétale, m’a conquise. Il s’agit du premier roman de l’autrice québécoise, et quel roman ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas été si happée par une lecture.

Ce roman court se présente comme une suite de petites nouvelles, qui nous semblent au premier abord sans lien, mais dont le sens apparaîtra par la suite. Des personnages, de lieux, des éléments reviennent, donnant des pistes à suivre sans pour autant dévoiler la clé du récit. Ces scènes sont entrecoupées de pages noires, avec un petit texte sur les instincts, la nature animale qui nous régente, nous domine, ces penchants qui font que les êtres humains restent des animaux malgré toutes les évolutions.

Cette inclinaison spontanée pour la survie à tout prix, ainsi que ce lien proie/prédateur sont étudiés dans les différentes nouvelles qui nous sont proposées. La nature, résiliente et puissante, est centrale. Comment elle reprend ses droits sur la vie quand elle le veut. Comment elle dirige nos vies. Les personnages subissent ce qui se déroule et ceux qui essaient de comprendre n’ont pas plus d’emprise sur la situation que les autres.

L’ambiance y est aussi toute en ambivalence : là où la vie éclôt, elle se meurt également. Le prédateur rode et la proie n’est pas toujours qui on croit. Il y a parfois de la joie, mais aussi de la peur. De l’émerveillement, de la mélancolie, des moments doux et d’autres affreux. La vie y est décrite dans toute sa complexité et son panel d’émotions.

Cela faisait longtemps que je n’avais plus croisé une aussi jolie plume. J’avais un peu peur du fait que l’autrice soit québécoise, car les structures de phrases et le vocabulaire sont quand même fort différents (du moins dans les autres livres canadiens que j’ai déjà pu lire), mais ce ne fut pas le cas ici. J’ai vraiment pris grand plaisir à parcourir ces lignes, bercée par la langue à la fois rigoureuse et mélodieuse de ces pages.

Un roman court que j’ai adoré : une plume magnifique qui étudie sous forme de nouvelles la force de la nature, mais aussi sa cruauté et sa résilience. Rien n’est jamais acquis, la relation proie/prédateur est sans cesse remise en question. Tout cela dans une ambiance ondulant entre la joie de donner la vie et la peur de la mort, teintée d’une magie sauvage, primitive. Une lecture que je recommande grandement !

EXTRA

Publié le 22 mai 2023

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