Il invite à l’évasion sans difficulté. Sans devoir se concentrer. C’est une lecture qui ne dépend pas du contexte extérieur. Il se lit presque automatiquement et c’est vachement bien.

La Huitième Couleur - Une certaine culture
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Loin, très loin d’ici, existe le Disque-Monde qui, comme son nom l’indique, est un monde en forme de disque. Mais ce n’est pas là sa seule particularité. En effet, ce monde est posé sur le dos de quatre éléphants qui, eux-mêmes, reposent sur le dos d’une tortue géante. Sur ce monde se trouve Ankh-Morpork, une ville aux mains de voleurs et d’assassins. On y vit presque paisiblement. Jusqu’au jour malheureux où un touriste décide de s’y rendre en villégiature.

J’ai enfin pris le temps de lire le premier tome de ce célébrissime cycle de fantasy loufoque et déjanté dont j’avais beaucoup entendu parler. Tellement, en fait, que, dès les premières pages, j’ai eu l’impression d’être en terrain connu. Presque déjà un familier de cet univers doux dingue et de ses personnages délirants. Présentées comme un « Seigneur des Anneaux à la sauce monty python », ces annales ont, de prime abord, largement de quoi intriguer, attirer et, a priori, séduire. De la Fantasy intelligemment barrée ? C’est vendeur, comme concept. Alors comment ne pas y succomber ?

Vous l’aurez compris, mes attentes étaient élevées. Ont-elles été comblées ? Oui. Pleinement même. Mais pas comme d’habitude et c’est assez étrange. Je n’ai pas fermé le livre sur un sentiment fou d’avoir lu un chef d’oeuvre qui m’a transporté ou fait rire aux éclats de la première à la dernière page, non. Ça a été une lecture plaisante et divertissante. Facile à lire et facile à suivre, mais rien de transcendant. Alors pourquoi ai-je tout de suite voulu commencer le second volet ? Parce que justement, c’est un livre facile aux innombrables facettes et au monde infini dans lequel on aimerait se perdre. Parce que les personnages sont parfaits dans leur rôle. Acteurs d’une Fantasy qui ne se prend pas au sérieux et qui joue et déjoue tous les codes du genre avec malice et bienveillance. Fous et paumés. Doux et insensés. Ils survolent l’histoire et la pimentent d’une touche de fantaisie. Quoi de plus normal, finalement, pour de la Fantasy…

Quant à l’histoire, elle permet d’imaginer un infini de possibles alors même qu’elle n’est presque pas une histoire. En lisant ce livre, on a l’impression qu’il ne se passe rien et pourtant les aventures se suivent sans se ressembler. Oui, c’est ça. On ne lit rien et, dans le même temps, on passe d’une taverne remplie d’assassins magouilleurs à l’intérieur d’un arbre abritant d’étranges habitants. On échappe à un incendie dévastateur. On se perd dans le dédale de tunnels obscurs d’un temple maléfique. On rêve un dragon et on parle à un troll fait d’eau. Et on voyage jusqu’au bord du monde. Et pourtant, on traverse ce livre. On file de page en page. Trop facilement. Comme si on ne lisait rien. C’est la force de ce livre. Il invite à l’évasion sans difficulté. Sans devoir se concentrer. C’est une lecture qui ne dépend pas du contexte extérieur. Il se lit presque automatiquement et c’est vachement bien.

Une certaine culture

Publié le 19 novembre 2019

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