Résumé : Rude existence que celle d'une sorcière de seize ans dans le Causse. Outre le quotidien d'une infirmière doublée d'une assistante sociale, il faut aussi gérer les crises qui fermentent et la mort prochaine du vieux baron. Guère de magie là-dedans, guère de sommeil non plus. Alors, si quelque part une pelote inextricable de malveillance et de frustration s'est réveillée pour inciter à la haine des sorcières et à leur destruction, voilà Tiphaine Patraque soudain démunie... «J'ai la trouye pou la ch'tite michante sorcieure jaeyante.» Il reste les Nac Mac Feegle, me direz-vous, toujours prêts à la bataille. Mais si eux-mêmes se mettent à douter...   Mon avis : Typhaine Patraque, la sorcière du Causse a maintenant seize ans et c'est une sorcière accomplie. Entre petits bobos et grands malheurs, têtologie et mise bas des moutons, faire sorcière dans le Causse c'est être à la fois infirmière, assistante sociale, juge et un soupçon de maire. Bref, c'est loin d'être de tout repos, mais finalement gratifiant, la peur de la sorcière étant mêlée d'un respect certain. Mais voilà, ces derniers temps, crainte et suspicion semblent prendre le dessus parmi les habitants du Causse. Qui plus est, le vieux baron va bientôt passer de vie à trépas et son fils Rolland s'apprête, non sans appréhension, à lui succéder. Rolland aussi a bien grandi depuis les épisodes précédents et il est sur le point de se marier, ce qui ne va pas sans mal (oui, il y a une belle-mère derrière la promise). Beaucoup de changements dans la vie de Typhaine dans ce nouveau roman du Disque-Monde, mais malheureusement pour elle, si les amourettes d'antan sont révolues, tous les comptes ne sont pas soldés. Vous rappelez-vous quand Typhaine a embrassé l'Hiver ? Oui, celui avec un H majuscule, la force élémentaire qu'elle a d'un baiser renvoyé à ses foyers pour ramener le printemps ? Une telle prouesse n'est pas restée inaperçue, attirant l'attention de toutes les forces magiques du Disque-Monde, bonnes comme mauvaises. Un esprit malveillant appelé le Rusé a été réveillé et sa marotte à lui, c'est l'extermination des sorcières. Ses armes ? Le poison du doute et de la méfiance, attiser la haine partout où elle ne demande qu'à être alimentée. Le Rusé a senti le formidable potentiel de Typhaine et va tout mettre en oeuvre pour la détruire. Voilà un roman du Disque-Monde qui démarre sous des auspices bien plus sombres que ce à quoi Terry Pratchett nous a habitués, sans doute pour nous signifier que le temps de l'enfance et de l'amusement est bel et bien fini pour Typhaine. Sorcière, c'est un job sérieux ! Demandez donc à maîtresse Ciredutemps (mais pas à Nounou Ogg, vous allez avoir du mal à y croire, au sérieux du job). A ce titre, le démarrage de l'ouvrage est franchement surprenant qui voit Typhaine confrontée à un véritable drame : un père alcoolique qui, à force de coups, fait perdre son bébé à sa fille enceinte. Le quotidien d'une sorcière n'est pas toujours drôle, on le savait, mais c'est la première fois que Pratchett décrit avec autant de force le côté négatif de la fonction. Bon, rassurez-vous, ce livre n'est pas sinistre non plus, il est juste plus adulte. Il regorge de passages hilarants, fort heureusement, car n'oublions pas que quand Typhaine est dans le secteur, les Nac Mac Feegle ne sont jamais loin. Oui, l'intrigue principale est assez convenue : Typhaine affronte à nouveau un esprit désincarné (ça commence à faire beaucoup d'ailleurs après le Rucheu et l'Hiverrier), symbôle de la bêtise humaine. Mais l'essentiel est ailleurs. Il est dans l'évolution que Pratchett apporte à ses personnages, Typhaine en premier lieu, mais aussi Rolland et même les Feegle ! Vous les croyez éternellement bloqués dans leur rôle de stroumpfs ivrognes et bagarreurs ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises ! L'autre grand intérêt de ce roman est que Typhaine est enfin confrontée au reste du Disque-Monde ! Je vais éviter de spoiler mais sachez que Typhaine se rend à Ankh-Morporkh ! Sûr que ça va la changer du Causse ! Je finis de vous allécher en vous signalant qu'en plus, Je m'Habillerai de Nuit contient une pléthore de guest-stars : moult sorcières dont les plus fameuses (pas besoin de noms, je pense) mais pas seulement, la fine fleur du Guet municipal d'Ank-Morporkh, la MORT (il est toujours aussi classe) ainsi qu'un très ancien personnage qui est de retour (non, ce n'est pas Rincevent). Comme à son habitude, Terry Pratchett et Patrick Couton nous livrent un roman extrêmement agréable à lire. On ne relèvera jamais assez l'importance du travail du traducteur, mais dans le cas d'un roman contenant des Feegles, ça tourne à la prouesse. Win ? Bref, c'est un très grand plaisir que de lire ce nouveau roman du Disque-Monde qui réunit toutes les qualités de ses prédécesseurs et apporte un vent de fraîcheur bienvenu à travers des évolutions intéressantes des personnages et un ton résolument plus sérieux.   Surprenant, mais loin d'être déplaisant. 8/10 Les romans du Disque-Monde restent un plaisir de lecture jamais démenti, là où les Annales du Disque-Monde sont, à mon sens, plus inégales. Je m'habillerai de nuit ne déroge pas à la règle et s'avère même le plus abouti grâce à ses personnages attachants et drôles et à son cortège de guest-stars.   Winter Critic Blog

Pratchett - Je m'habillerai de nuit - Critic Blog
Résumé :
Rude existence que celle d'une sorcière de seize ans dans le Causse. Outre le quotidien d'une infirmière doublée d'une assistante sociale, il faut aussi gérer les crises qui fermentent et la mort prochaine du vieux baron. Guère de magie là-dedans, guère de sommeil non plus. Alors, si quelque part une pelote inextricable de malveillance et de frustration s'est réveillée pour inciter à la haine des sorcières et à leur destruction, voilà Tiphaine Patraque soudain démunie...
«J'ai la trouye pou la ch'tite michante sorcieure jaeyante.» Il reste les Nac Mac Feegle, me direz-vous, toujours prêts à la bataille. Mais si eux-mêmes se mettent à douter...
 
Mon avis :
Typhaine Patraque, la sorcière du Causse a maintenant seize ans et c'est une sorcière accomplie. Entre petits bobos et grands malheurs, têtologie et mise bas des moutons, faire sorcière dans le Causse c'est être à la fois infirmière, assistante sociale, juge et un soupçon de maire. Bref, c'est loin d'être de tout repos, mais finalement gratifiant, la peur de la sorcière étant mêlée d'un respect certain.
Mais voilà, ces derniers temps, crainte et suspicion semblent prendre le dessus parmi les habitants du Causse. Qui plus est, le vieux baron va bientôt passer de vie à trépas et son fils Rolland s'apprête, non sans appréhension, à lui succéder. Rolland aussi a bien grandi depuis les épisodes précédents et il est sur le point de se marier, ce qui ne va pas sans mal (oui, il y a une belle-mère derrière la promise). Beaucoup de changements dans la vie de Typhaine dans ce nouveau roman du Disque-Monde, mais malheureusement pour elle, si les amourettes d'antan sont révolues, tous les comptes ne sont pas soldés. Vous rappelez-vous quand Typhaine a embrassé l'Hiver ? Oui, celui avec un H majuscule, la force élémentaire qu'elle a d'un baiser renvoyé à ses foyers pour ramener le printemps ? Une telle prouesse n'est pas restée inaperçue, attirant l'attention de toutes les forces magiques du Disque-Monde, bonnes comme mauvaises. Un esprit malveillant appelé le Rusé a été réveillé et sa marotte à lui, c'est l'extermination des sorcières. Ses armes ? Le poison du doute et de la méfiance, attiser la haine partout où elle ne demande qu'à être alimentée. Le Rusé a senti le formidable potentiel de Typhaine et va tout mettre en oeuvre pour la détruire.
Voilà un roman du Disque-Monde qui démarre sous des auspices bien plus sombres que ce à quoi Terry Pratchett nous a habitués, sans doute pour nous signifier que le temps de l'enfance et de l'amusement est bel et bien fini pour Typhaine. Sorcière, c'est un job sérieux ! Demandez donc à maîtresse Ciredutemps (mais pas à Nounou Ogg, vous allez avoir du mal à y croire, au sérieux du job). A ce titre, le démarrage de l'ouvrage est franchement surprenant qui voit Typhaine confrontée à un véritable drame : un père alcoolique qui, à force de coups, fait perdre son bébé à sa fille enceinte. Le quotidien d'une sorcière n'est pas toujours drôle, on le savait, mais c'est la première fois que Pratchett décrit avec autant de force le côté négatif de la fonction.
Bon, rassurez-vous, ce livre n'est pas sinistre non plus, il est juste plus adulte. Il regorge de passages hilarants, fort heureusement, car n'oublions pas que quand Typhaine est dans le secteur, les Nac Mac Feegle ne sont jamais loin. Oui, l'intrigue principale est assez convenue : Typhaine affronte à nouveau un esprit désincarné (ça commence à faire beaucoup d'ailleurs après le Rucheu et l'Hiverrier), symbôle de la bêtise humaine. Mais l'essentiel est ailleurs. Il est dans l'évolution que Pratchett apporte à ses personnages, Typhaine en premier lieu, mais aussi Rolland et même les Feegle ! Vous les croyez éternellement bloqués dans leur rôle de stroumpfs ivrognes et bagarreurs ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises !
L'autre grand intérêt de ce roman est que Typhaine est enfin confrontée au reste du Disque-Monde ! Je vais éviter de spoiler mais sachez que Typhaine se rend à Ankh-Morporkh ! Sûr que ça va la changer du Causse !
Je finis de vous allécher en vous signalant qu'en plus, Je m'Habillerai de Nuit contient une pléthore de guest-stars : moult sorcières dont les plus fameuses (pas besoin de noms, je pense) mais pas seulement, la fine fleur du Guet municipal d'Ank-Morporkh, la MORT (il est toujours aussi classe) ainsi qu'un très ancien personnage qui est de retour (non, ce n'est pas Rincevent).
Comme à son habitude, Terry Pratchett et Patrick Couton nous livrent un roman extrêmement agréable à lire. On ne relèvera jamais assez l'importance du travail du traducteur, mais dans le cas d'un roman contenant des Feegles, ça tourne à la prouesse. Win ? Bref, c'est un très grand plaisir que de lire ce nouveau roman du Disque-Monde qui réunit toutes les qualités de ses prédécesseurs et apporte un vent de fraîcheur bienvenu à travers des évolutions intéressantes des personnages et un ton résolument plus sérieux.
 
Surprenant, mais loin d'être déplaisant.
8/10
Les romans du Disque-Monde restent un plaisir de lecture jamais démenti, là où les Annales du Disque-Monde sont, à mon sens, plus inégales. Je m'habillerai de nuit ne déroge pas à la règle et s'avère même le plus abouti grâce à ses personnages attachants et drôles et à son cortège de guest-stars.
 
Winter
Publié le 25 juillet 2011

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