Psychovision

Rien ne va plus au guet d'Ankh-Morpork. Le commissaire Vimaire s'apprête à rendre sa plaque au seigneur Vétirini...
Pour quinze jours...
De vacances...
Et à la campagne en plus !
Peut-on imaginer un sort plus terrible pour ce bon vieux Sam qui a tant fait pour sa ville ?
Seulement, Dame Sybill est bien décidé à emmener son époux pour profiter de la campagne, admirer les arbres et entendre les oiseaux chanter. Choses auxquelles le super-flic, digne enfant des villes, ne comprend absolument rien.
Une fois sur place, Sam Vimaire sent pourtant quelque chose de louche et la disparition d'une figure local dont on l'accuse du meurtre va en quelque sorte l'obliger à abroger ses vacances, car la justice est la même partout, même en dehors de sa juridiction.

C'est donc le commissaire Vimaire et dans une moindre mesure le guet qui seront les héros de cette trente-quatrième aventure sur le disque-monde, une nouvelle enquête policière, mais à la Pratchett et du coup, ça change tous, car le suspens et l'humour se mélangent une nouvelle fois tout en abordant un sujet de société. Ici, c'est le racisme et l'intolérance qui va mener le commissaire à la poursuite du pire des crimes : un meurtre !
Une nouvelle race est également introduite dans ce tome avec les Gobelins, car si on a déjà croisé Troll, nain, orc et même vampire, sans compter Chicard Chique, les gobelins n'étaient pas encore apparu. Il faut dire que leur tendance à vivre dans le noir et leur coutume de pot Unggue qui sert à garder tout ce qui sort de l'un d'eux n'aide pas vraiment au rapport de bon voisinage que ce soit à la campagne ou à la ville.
Mais voilà, en tuer un de manière affreuse, ça reste un meurtre et Vimaire ne peut laisser passer ça, surtout que les gobelins semblent bien moins monstrueux et beaucoup plus humains qu'on ne le pense, plus en tout cas que certain de leur bourreaux. A l'insu de sa femme, Vimaire enquête, mais se doit de respecter les conventions et la bourgeoisie alors qu'il leur donnerait bien de grands coups-de-pied dans le fondement, mais que ne ferait-on pas par amour ?
Le suspens est donc là et l'humour y est aussi. Entre l'admiration du petit Sam pour un auteur qui lui fait découvrir le caca et le grand qui bouscule le protocole à tour de bras, les passages humoristiques sont donc loin d'être absent et on rigole souvent, juste avant d'être émue ou surpris par un nouveau rebondissement. Ce livre se déroule à tout allure, ne laissant pas le temps au lecteur de décrocher entre deux rigolades.
Même la première partie avec Vimaire qui doit partir à la campagne, forcément s'y ennuyer, ou analyser avec un pragmatisme qui lui est propre la propriété d'un fleuve, mais c'est surtout dans un moment Pratchettien à souhait ou le commissaire se fait chantre du féminisme et essaye de convaincre quatre filles de bonne famille d'aller bosser pour pouvoir payer leurs dotes !

Ce qui surprend avec ce nouveau tome et qui n'est pourtant plus frais dans l'univers de Pratchett, c'est le côté très contemporain du Disque-Monde, véritable caricature de notre monde, mais réalisé avec la subtilité de l'humour de Pratchett et la magie de la fantasy. Cette série se révèle le plus souvent plus moderne que l'urban fantasy se déroulant pourtant à notre époque, car il en est une satire réussie.
Pratchett nous convainc donc encore et nous livre un trente-quatrième annale digne des précédentes, voir des meilleurs, rempli de moments cultes comme l'auteur nous en a offert par dizaine et dont on ne se lasse pas. Terry Pratchett fait partie des auteurs qui se renouvellent à chaque roman, conservant le meilleur, renouvelant les thèmes et approfondissant les personnages. Un petit regret quand même : a quand une nouvelle aventure de la Mort ou de Mémé Ciredutemps ?

 

Stegg

Publié le 3 décembre 2012

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