Mauvais Genre Rade de Brest

Samuel Vimaire a besoin de vacances, tout le monde le dit. Ce n'est pas une vie, de diriger le guet d'Ankh-Morpork depuis tant d'années sans faire de pause. Sybil, Vétérini, le capitaine Carotte et jusqu'au petit Sam se sont donc ligués pour expédier l'irascible commissaire divisionnaire à la campagne, dans une propriété familiale des Ramkin. Joie de la villégiature, Sam Vimaire n'a pas posé le pied dans le domaine que lui sautent dessus, dans le désordre et non exhaustivement : des gobelins, des thés dansants, un cadavre, la disparition du forgeron, et plein de visites passionnantes sur la thématique de la collection de son fils, à savoir la coprologie animalière. Des vacances sans enquête ne seraient pas tout à fait des vacances !

Profitons d'un des derniers tomes dont nous pourrons nous régaler : ce plaisir ne se renouvellera plus si souvent à présent. Samuel Vimaire fait partie de ces personnages récurrents des Annales du Disque-Monde qui ont extrêmement évolué au fil du temps. Du premier tome où il apparaît comme poivrot quasiment irrécupérable à cet opus, que de chemin parcouru ! Il est devenu la référence absolue de la lutte contre le crime jusqu'à Quirm. Père et époux comblé, assoiffé de justice, défenseur de la veuve et de l'orphelin, pourfendeur de dragon et j'en passe. On peut blaguer l'auteur sur la tendance mystique qu'il peaufine sur sa fin de carrière, mais il est très exactement là où ses lecteurs l'attendent. Moins loufoque, plus habité, chantre d'une certaine philosophie de la fraternité, flirtant avec le surnaturel, tel est le Terry Pratchett auquel s'habituent ses lecteurs à la lecture de ses derniers crus. On rit un petit peu moins, mais on se régale tout autant. Et il est sain par les temps qui courent que nos auteurs favoris nous aident à garder récréativement l'oeil sur les valeurs essentielles : on est toujours le gobelin de quelqu'un. Camarades, tous unis et toutes ces sortes de choses. Enfin bon, encore un volume dont il faut se porter acquéreur.

Marion Godefroid-Richert

Publié le 19 juin 2013

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