Quand on a 14 ans, des parents absents et que l'on vit près de la place Stalingrad à Paris, les copains que l'on se fait ne sont pas tous des anges.
Mais Salomé s'en fiche, elle ne mesure pas qui est ou non toxico, ni ce qu'elle risque en tant que jeune fille dans un milieu de marginaux. En ce mois de juillet, sur son skate-board décoré de licornes, Salomé zone. Elle fait partie du paysage. Les zonards la surnomment Chewing-gum pour sa propension à tomber sans jamais se faire mal. On la suit ainsi un été au fil de ses sorties, de ses états d'âme sur sa mère, hôtesse de l'air, qui ne donne pas de nouvelles, d'un père flic qui ne gère rien  et à travers les personnages louches qu'elle côtoie chaque jour. Petit à petit, la tension monte...
Voilà pour le résumé de ce livre assez court et réussi, écrit par Clément Milian, né à Nantes et vivant à Boussay, au sud de Clisson.

« Un conte très actuel »
« Nous sommes très sensibles à l'écriture, nous lisons énormément. On essaye d'avoir une vision du genre, on a accroché immédiatement », confie Caroline de Benedetti, qui co-dirige la collection de polars Fusion chez L'Atalante. « C'est un roman initiatique sur l'adolescence », ajoute son complice Emeric Cloche, qui « aurait pu se tramer ailleurs. La violence est universelle. On y parle de la solitude, de l'abandon et de l'amitié. »
S'il n'a pas connu son personnage principal mais l'a imaginé, l'auteur Clément Milian précise « aimer utiliser des lieux réels, ça me donne un sentiment de réalité. J'ai vécu six ans quartier Stalingrad. J'ai même subi personnellement des agressions. Ce n'est pas une  délinquance habituelle mais irrationnelle, ils sont dans un désarroi absolu. En journée, on peut s'y promener, prendre un verre en terrasse. Le soir, ça bascule, c'est un endroit de drames. »
Ce polar est « un conte très actuel, estime Caroline de Benedetti. On est ici dans le rythme et la trajectoire d'un conte avec un souffle qui va vite. » Vite et percutant comme une ado sur une planche de skate qui croque la vie sans en discerner sa folie.

Stéphane Pajot - 6 avril 2023