Le coup de cœur littérature policière de la semaine nous conduit dans les pas d'une adolescente livrée à elle-même dans un quartier difficile entre misère et drogue...

Un conte parisien violent - France Inter
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Clément Milian est d’origine nantaise mais a vécu plusieurs années à Paris, dans le quartier de Stalingrad, où il situe son troisième roman

Un roman initiatique, écrit au cordeau, fulgurant de noirceur, qui met en scène une toute jeune fille, livrée à elle-même, perdue non pas dans la forêt, mais dans la jungle parisienne. Précisément sur la place Stalingrad où elle traîne au milieu des SDF et des dealers. Le livre a tout du conte : dans une ambiance de fin du monde, la jeune fille affronte mille dangers, naïve et bravache, côtoie les monstres et les ogres. La tension monte peu à peu et le lecteur sait bien, dès le départ, que cette histoire va mal finir.
C’est un été caniculaire, la sueur et les habits qui collent, l’air qui pue la fumée des bagnoles, on crève sur place, le climat craque ses limites. Et la société explose elle aussi. Dans ce quartier de Stalingrad, où les immeubles hors de prix surplombent la zone, bien lotis et crevards vivent sur deux planètes séparées.

[...]

C'est sa voix que l’on entend tout au long du roman. Ses mots, très crus, son impertinence, son rythme, son énergie. Clément Milian excelle à faire vivre cette voix, d’une formidable présence, d’une singulière puissance. La langue de ce roman est exceptionnelle, épurée, sans un mot de trop, sans description inutile, sans digression, cash. Brutalité et tendresse intimement mêlées. Le lecteur vit, page après page, la montée de la tension, sans qu’aucun artifice, rebondissement ou autre, n’intervienne. Il sait que l’histoire va s’accomplir. Il l’appréhende.
Et à la fin, bien sûr, rien n’est réglé. Sur la place Stalingrad, le manège a repris. Le monde n’est pas un conte de fée.

Le Polar sonne toujours 2 fois

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Publié le 6 juin 2023

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