Ceux qui ont lu les six tomes de la Brigade Chimérique s’en souviennent sans nuls doutes comme une série audacieuse et inventive qui s’emparait du mythe du super-héros pour en écrire un pan européen prologue à celle qui a fleurit outre atlantique entre les deux guerres. Les héros sont nés dans le sang et la boue des tranchées pendant la grande guerre, à cause du souffle fétide des gaz de combats et des armes à rayon x qui y furent utilisés plus que de raison. Par de là le bien et le mal, ils ont pris peu à peu le contrôle des principales capitales européennes. Mais le spectre d’une nouvelle guerre se profile alors que de sombres menaces grandissent, menaçant jusqu’au souvenir de leur existence. Certains sont devenus des icônes, telle la Brigade Chimérique qui a fait parler d’elle dans le sillage de Marie Curie, la Reine du Radium, qui fit passer l’humanité de l’ère de la vapeur à celle du radium. En refermant le sixième et dernier album, qui bouclait la boucle historique, refermant par la même l’uchronie, difficile de ne pas ressentir un pincement au cœur face au formidable potentiel inexprimé de cet univers à la fois original et séduisant… Le prolongement en jeu de rôle était presque naturel de par la densité de l’univers et les multiples intrigues qui pouvaient s’y développer… C’est peu dire que ce projet conférant une origine européenne aux super héros américains était audacieux et ambitieux… mais le pari était plus que réussi et cette série éditée par L’Atalante a d’emblée fait sensation… Le subtil dosage entre fiction et histoire, les références multiples à des personnages où des évènements véridiques et à la culture populaire, la structure complexe et alambiquée du scénario, et le formidable travail graphique de Guess ont fait de cette série une série incontournable. Et voilà que Serge Lehman et Guess nous propose de nous replonger dans leur univers pour ce qui pourrait être considéré comme un prologue aux Brigades Chimériques. La guerre vient de s’achever. Une créature baptisé l’Homme Truqué par la presse à sensation commence à terroriser la population aux portes de Paris. Le Nyctalope et Marie Curie vont s’allier pour tenter de le capturer. Ils apprendront qu’il combattait lors de l’offensive du Chemin des Dames lorsqu’il perdit la vue lors de l’explosion d’un schrapnell le 27 mai 1918. Kidnappé par une mystérieuse organisation qui lui rendit la vue grâce à une machine aussi mystérieuse qu’ingénieuse, il est relâché, sans un mot d’explication. Mais à sa vue humaine fut substituée une vue de l’électricité et des impulsions électriques qui siègent dans chaque créature du règne animal… Son étrange pouvoir superscientifique lui permettra peut-être de mettre fin à une sourde et inquiétante menace qui grandit dans la capitale… L’adaptation de ce roman éponyme de Maurice Renard, ou plutôt sa relecture par le prisme des "Brigades Chimériques", est un réel délice. Serge Lehman s’empare du personnage du lieutenant Jean Lebris pour en faire l’un des rouages d’un scénario encore et toujours intrigant et captivant. L’exploitation du contexte historique est faite de façon très judicieuse et le découpage en chapitre qui respecte l’aspect feuilletonesque du roman comme de la série-mère impulse un rythme appréciable à ce one shot plus que convaincant… tout en permettant à Gess de proposer d’élégante pages de garde inspirée des unes de la presse de l’époque. Son travail graphique est une nouvelle fois remarquable, tant dans sa narration extrêmement fluide que dans le soin apporté aux décors et aux objets superscientifiques qui émaillent le récit, conférant à l’ensemble densité et crédibilité. L’homme truqué est un délicieux prolongement de l’univers échafaudé par Fabrice Colin et Serge Lehman avec leurs Brigades Chimériques. Les amateurs de la série-mère ne peuvent passer à côté de cet album qui prolonge la magie distillée par les six tomes de cette dernière. Quand à ceux qui ne connaissent pas cette œuvre qualifiée de radiumpunk par ses créateurs, en référence au stempunk, nous ne pouvons que leur conseiller vivement de s’y plonger sans tarder avant de lire L’homme truqué. Ils ne le regretteront pas.

Lehman, Gess - L'Homme truqué - Les Sentiers de l'Imaginaire

Ceux qui ont lu les six tomes de la Brigade Chimérique s’en souviennent sans nuls doutes comme une série audacieuse et inventive qui s’emparait du mythe du super-héros pour en écrire un pan européen prologue à celle qui a fleurit outre atlantique entre les deux guerres. Les héros sont nés dans le sang et la boue des tranchées pendant la grande guerre, à cause du souffle fétide des gaz de combats et des armes à rayon x qui y furent utilisés plus que de raison. Par de là le bien et le mal, ils ont pris peu à peu le contrôle des principales capitales européennes. Mais le spectre d’une nouvelle guerre se profile alors que de sombres menaces grandissent, menaçant jusqu’au souvenir de leur existence. Certains sont devenus des icônes, telle la Brigade Chimérique qui a fait parler d’elle dans le sillage de Marie Curie, la Reine du Radium, qui fit passer l’humanité de l’ère de la vapeur à celle du radium.

En refermant le sixième et dernier album, qui bouclait la boucle historique, refermant par la même l’uchronie, difficile de ne pas ressentir un pincement au cœur face au formidable potentiel inexprimé de cet univers à la fois original et séduisant… Le prolongement en jeu de rôle était presque naturel de par la densité de l’univers et les multiples intrigues qui pouvaient s’y développer…

C’est peu dire que ce projet conférant une origine européenne aux super héros américains était audacieux et ambitieux… mais le pari était plus que réussi et cette série éditée par L’Atalante a d’emblée fait sensation… Le subtil dosage entre fiction et histoire, les références multiples à des personnages où des évènements véridiques et à la culture populaire, la structure complexe et alambiquée du scénario, et le formidable travail graphique de Guess ont fait de cette série une série incontournable.

Et voilà que Serge Lehman et Guess nous propose de nous replonger dans leur univers pour ce qui pourrait être considéré comme un prologue aux Brigades Chimériques.

La guerre vient de s’achever. Une créature baptisé l’Homme Truqué par la presse à sensation commence à terroriser la population aux portes de Paris. Le Nyctalope et Marie Curie vont s’allier pour tenter de le capturer. Ils apprendront qu’il combattait lors de l’offensive du Chemin des Dames lorsqu’il perdit la vue lors de l’explosion d’un schrapnell le 27 mai 1918. Kidnappé par une mystérieuse organisation qui lui rendit la vue grâce à une machine aussi mystérieuse qu’ingénieuse, il est relâché, sans un mot d’explication. Mais à sa vue humaine fut substituée une vue de l’électricité et des impulsions électriques qui siègent dans chaque créature du règne animal… Son étrange pouvoir superscientifique lui permettra peut-être de mettre fin à une sourde et inquiétante menace qui grandit dans la capitale…

L’adaptation de ce roman éponyme de Maurice Renard, ou plutôt sa relecture par le prisme des "Brigades Chimériques", est un réel délice. Serge Lehman s’empare du personnage du lieutenant Jean Lebris pour en faire l’un des rouages d’un scénario encore et toujours intrigant et captivant. L’exploitation du contexte historique est faite de façon très judicieuse et le découpage en chapitre qui respecte l’aspect feuilletonesque du roman comme de la série-mère impulse un rythme appréciable à ce one shot plus que convaincant… tout en permettant à Gess de proposer d’élégante pages de garde inspirée des unes de la presse de l’époque. Son travail graphique est une nouvelle fois remarquable, tant dans sa narration extrêmement fluide que dans le soin apporté aux décors et aux objets superscientifiques qui émaillent le récit, conférant à l’ensemble densité et crédibilité.

L’homme truqué est un délicieux prolongement de l’univers échafaudé par Fabrice Colin et Serge Lehman avec leurs Brigades Chimériques. Les amateurs de la série-mère ne peuvent passer à côté de cet album qui prolonge la magie distillée par les six tomes de cette dernière. Quand à ceux qui ne connaissent pas cette œuvre qualifiée de radiumpunk par ses créateurs, en référence au stempunk, nous ne pouvons que leur conseiller vivement de s’y plonger sans tarder avant de lire L’homme truqué. Ils ne le regretteront pas.

Publié le 2 avril 2013

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